Mondialisons la Banque mondiale !
La crise qui affecte la Banque mondiale, empêtrée dans l’affaire de népotisme de son président Paul Wolfowitz, peut être salutaire. Elle pourrait être l’occasion de réformer la Banque et le Fonds monétaire international (FMI).
Née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Banque mondiale est l’organe de financement de la lutte contre la pauvreté pour quelque 20 milliards de dollars par an. Le FMI s’est spécialisé dans la surveillance des systèmes financiers ; à partir des années 1980, il s’est transformé en secouriste des pays touchés par une crise de liquidité et auxquels il a apporté des dizaines de milliards de dollars.
L’utilité de ces deux institutions n’est pas remise en cause, sauf par les gauchistes façon Chávez ou les néoconservateurs proches du président Bush. Pourtant, elles ont mauvaise réputation dans les pays du Sud, parce qu’elles y ont imposé des politiques prônant la suppression de subventions et la réduction des déficits.
Dans un premier temps, ces remèdes de cheval se sont traduits par la déstructuration de secteurs agricoles ou industriels, et donc par la montée du chômage et de la pauvreté. Ces politiques ont été d’autant moins bien supportées que les deux institutions apparaissent comme des « dépendances » des pays riches, voire impérialistes. En effet, ces derniers sont les principaux contributeurs aux budgets de la Banque et du FMI et, à ce titre, ils se sont partagé les responsabilités.
Depuis la fondation des deux institutions, il est convenu que c’est un Américain qui préside la Banque et un Européen qui dirige le Fonds. Ce duopole apparaît archaïque quand on le compare avec le fonctionnement des Nations unies ou de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui ont été dirigées par des Asiatiques ou des Africains sans que cela ne leur nuise. Cet accaparement est préjudiciable puisqu’il légitime la tendance de certains experts des deux institutions à imposer leurs solutions sans écouter les pays qu’ils aident.
On parle de réformer le Fonds en faisant plus de place aux pays émergents, mais le rééquilibrage d’un système de votes qui donne plus de poids à la Belgique qu’à l’Inde suscite de vives résistances.
Pour améliorer la légitimité de la Banque et du FMI, et donc pour les « mondialiser », il serait plus symbolique que les États-Unis et les pays de l’Union européenne signifient au reste du monde qu’ils abandonnent leur prétention à diriger seuls ces deux institutions emblématiques. Pourquoi pas à l’occasion du remplacement de Paul Wolfowitz ?
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