Lamine Fofana : « En Guinée, le vrai démarrage du secteur minier, c’est maintenant ! »

En tournée à Mining Indaba, la conférence minière la plus importante du continent qui se tient jusqu’au 8 février au Cap, le ministre guinéen des Mines Lamine Fofana entend séduire les groupes miniers. Pour lui, après le temps de la restructuration, vient celui des investissements.

Pour Lamine Fofana, le contexte minier reste positif sur le long terme. © Youri Lenquette

Pour Lamine Fofana, le contexte minier reste positif sur le long terme. © Youri Lenquette

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 7 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Vous venez représenter la Guinée pour la 3e fois à Mining Indaba. Quels sont vos objectifs par rapport aux années précédentes ?

La Guinée de 2013 n’est pas celle de 2010. Depuis l’élection du président Alpha Condé, nous avons instauré un nouveau code minier, engagé une révision complète du cadastre minier et, surtout, avons passé au crible l’ensemble des contrats existants. En novembre dernier, nous avons annulé 818 permis qui avaient étés accordés à des individus ou sociétés peu crédibles. Ce processus de « toilettage » du secteur a pris du temps, et c’est bien normal. Nous voulions nous entourer des meilleurs cabinets internationaux. Aujourd’hui, nous sommes prêts à recevoir de nouveaux investisseurs. Le vrai redémarrage minier guinéen, c’est maintenant qu’il se produit.

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Le contexte économique est-il favorable à des investissements miniers en Guinée ? Les prix des minerais, notamment de la bauxite, ne sont pas au mieux. Avec la crise économique, il est difficile de lever des fonds sur les marchés internationaux… Quant à la perception de la Guinée par les groupes miniers, elle ne semble pas s’être beaucoup améliorée.

Au contraire, nous sommes aujourd’hui très sollicités. En 2010 et 2011, c’est vrai, les investisseurs n’avaient pas une vision suffisamment claire sur la réglementation minière et sur la stabilité politique du pays. Aujourd’hui, ces deux points étant assurés, ils reviennent vers nous. Quant au contexte minier, sur le long terme, il reste positif.

Il reste toutefois des dossiers brûlants à trancher, en particulier celui des deux permis miniers obtenus par le groupe BSGR sur les permis de fer dans la chaîne du Simandou en 2006…

La commission d’audit a posé des questions, BSGR a transmis des informations ; ce dossier sera tranché, mais sans animosité.

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Nous réalisons une revue de tous les contrats, sans discrimination vis à vis de qui que ce soit. La structure qui réalise l’audit des contrats passés n’est pas sous ma coupe, elle est indépendante, mais les discussions entre BSGR et elle se poursuivent en bonne intelligence. La commission d’audit a posé des questions, BSGR a transmis des informations ; ce dossier sera tranché, mais sans animosité.

Le partenaire de BSGR sur ce projet du Simandou, le géant minier brésilien Vale, a fait face à une opposition de la population locale sur la manière dont il menait le projet dans le village de Zogota. Le projet a pris du retard… Peut-on vraiment être optimiste sur la réalisation de ce projet crucial pour votre pays ?

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Selon sa convention minière, Vale devait commencer l’exploitation de son projet d’ici à la fin de l’année 2012. Compte-tenu des difficultés qu’il a rencontrées à Zogota – il a perdu beaucoup de matériel dans cette affaire – , j’ai accepté d’allonger d’une année ce délai.

Autre grand projet pour la Guinée, celui de Rio Tinto, toujours dans le minerais de fer, au sud du Mont Simandou. La démission de Tom Albanese, directeur général de Rio Tinto, et son remplacement par Sam Walsh, auront-ils un impact sur le développement du projet ?

Je n’ai pas d’inquiétude. Je connais Sam Walsh, nous nous sommes rencontrés à deux reprises. Il dirigeait jusqu’à présent la division fer de Rio Tinto. À ce titre il connaît très bien le projet guinéen de Rio Tinto au Simandou. La dernière fois que je l’ai vu, il m’a assuré que c’était un dossier qui lui tenait particulièrement à cœur. Je ne vois pas pourquoi il aurait changé d’avis après être devenu directeur général de la compagnie. Avec Rio Tinto, nous sommes dans la continuité de ce qui se faisait sous Tom Albanese, lui aussi déterminé sur ce dossier. Nous sommes en bonne intelligence avec la compagnie, notamment pour la réalisation des infrastructures. Nous discutons actuellement avec eux de la répartition des investissements pour les réaliser, mais ce projet ira jusqu’à son terme.

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Propos recueillis par Christophe Le Bec

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