Problème coton pour les « farmers »

Publié le 6 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

John Mac Farland, grand fermier du Texas, a jeté son chapeau de cow-boy par terre en prenant connaissance, le 3 mars, de la condamnation, en appel, des subventions cotonnières américaines par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette décision oblige les États-Unis à réduire substantiellement le soutien financier qu’ils accordent à leurs 25 000 producteurs (3,2 milliards de dollars par an d’aide directe et plus de 1,6 milliard de crédits à l’exportation). Ces subventions ont fait perdre 400 millions de dollars aux pays africains, comme le Bénin ou le Mali, entre 2001 et 2003.

Washington a six mois pour se mettre en conformité avec les règles de l’OMC, faute de quoi le Brésil pourra prendre des sanctions contre les États-Unis. Le porte-parole du représentant américain pour le Commerce, Richard Mills, a refusé d’indiquer si son gouvernement allait tenter d’ouvrir des pourparlers avec les autorités brésiliennes, afin d’obtenir un délai supplémentaire. « Nous continuons de croire qu’il vaut mieux négocier que de se lancer dans des contentieux », a-t-il expliqué. Ce jugement dépasse le cadre d’un simple différend bilatéral et devrait avoir des conséquences sur les négociations agricoles du cycle de Doha sur le commerce et le développement, dont la conclusion est espérée pour la fin de 2006. Le Brésil, soutenu par quatre pays africains (Burkina, Mali, Bénin et Tchad), avait porté plainte, au début de septembre 2003, contre les subventions américaines et européennes à l’exportation. Cette question avait contribué à faire dérailler, le même mois, la conférence ministérielle de l’OMC à Cancún (Mexique), les pays africains refusant de signer un texte d’accord si les États-Unis ne prenaient pas en compte leurs revendications. Faute d’être parvenus à s’entendre, les pays membres de l’OMC poursuivent les négociations au sein d’un « sous-comité sur le coton ». Lors d’une réunion en juillet 2004 à Genève, Africains et Américains sont finalement parvenus à un accord de principe sur une future réduction des subventions américaines. Cette condamnation devrait permettre de régler les détails de sa mise en application.
Elle révèle aussi la montée en puissance du Brésil sur la scène internationale. Après avoir dénoncé le régime sucrier européen, avec l’Australie et la Thaïlande, accusant Bruxelles de faire baisser les prix, et obtenu sa révision, le pays de Lula remporte une nouvelle victoire. Et pourrait engager de nouveaux combats contre les aides américaines et européennes sur d’autres produits (soja, riz, huiles et céréales). L’ensemble du système de subventions est secoué jusque dans ses fondations, selon Oxfam, qui voit dans le verdict de l’OMC « une occasion de réforme ».

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