Plaidoyer pour jeune fille voilée
Publié le 6 mars 2005 Lecture : 1 minute.
Shabina Begum, une adolescente britannique de 16 ans, d’origine bangladaise, a obtenu gain de cause, le 2 mars, devant la cour d’appel de Londres : elle pourra désormais porter à l’école le jilbab, voile islamique intégral qui ne laisse apparaître que les mains et le visage. Défendue par Cherie Booth, épouse du Premier ministre Tony Blair, Shabina avait, en septembre 2000, refusé de porter l’uniforme de son lycée de Luton, au nord de Londres.
Ce lycée public, accueillant une majorité d’étudiants musulmans et dirigé par une femme élevée elle-même au Pakistan et au Bangladesh, a pourtant une politique vestimentaire très souple. Les élèves peuvent soit porter l’uniforme du lycée, jupe ou pantalon, soit opter pour le sharwal kameez, un ensemble composé d’une robe longue et d’un pantalon. Estimant que celui-ci ne couvrait pas assez son corps, Shabina était venue à l’école avec le voile intégral et avait été exclue de l’établissement.
L’adolescente avait alors porté l’affaire en justice. Déboutée le 15 juin 2004 en première instance, elle a ensuite reçu, devant la cour d’appel de Londres, un soutien de poids en la personne de l’avocate-première dame du pays. Cette décision constitue une première en Grande-Bretagne, où, à l’inverse de la France, le port de vêtements à caractère religieux n’a jamais déclenché de polémique. Si le Conseil musulman de Grande-Bretagne a salué cette victoire, en revanche, le leader du Parlement musulman de Grande-Bretagne a déclaré que cette décision ne contribuerait qu’à attiser l’hostilité entre l’Islam et l’Occident, et à nourrir la cause fondamentaliste.
La décision, qui semblait ravir une Shabina Begum en jilbab à la sortie de l’audience, est aussi la victoire de Mme Blair. Mais cela suffira-t-il à apaiser les nombreux musulmans britanniques, en rogne contre leur Premier ministre depuis qu’il s’est allié avec George W. Bush ?
