Conférence de Londres : Abbas « comblé »

Publié le 6 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Tony Blair tenait à « sa » conférence. Pas Ariel Sharon. La rencontre internationale sur la Palestine s’est donc tenue, le 1er mars à Londres, en l’absence de tout représentant du gouvernement israélien. Outre les membres du quartette (ONU, Russie, États-Unis et Union européenne), qui se voyaient pour la première fois depuis la disparition de Yasser Arafat, une vingtaine de chefs de la diplomatie ont en revanche répondu à l’appel du Premier ministre britannique.
Dans les jours précédents, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, avait, dans plusieurs interviews (à Der Spiegel, The Independent et la BBC), révélé les priorités de son gouvernement pour parvenir à une paix durable avec Israël. Ceux qui croyaient qu’Abou Mazen, son nom de guerre, avait pour objectif de « désarafatiser » la Palestine en sont pour leurs frais : la méthode est différente, mais le discours reste, pour l’essentiel, le même. Arafat s’efforçait de maintenir les grands équilibres sociopolitiques de son pays en redistribuant la manne de l’aide internationale et en multipliant les fonctions officielles plus ou moins prestigieuses afin d’accroître le nombre de ses obligés. Abbas privilégie la fermeté pour restaurer « l’autorité de l’Autorité ». Le populisme du fondateur de l’OLP s’efface devant le pragmatisme de son successeur, notamment en ce qui concerne les relations avec les islamistes du Hamas et du Djihad. Mais les objectifs sont identiques : création d’un État palestinien viable, donc d’un seul tenant, avec Jérusalem-Est pour capitale ; indemnisation des réfugiés spoliés de leurs terres et de leurs maisons en 1948 et 1967.
À Londres, Abbas a développé ces mêmes thèmes, donnant des gages quant au sérieux des engagements pris à Charm el-Cheikh et à sa volonté de mettre fin à la militarisation de l’Intifada. Il a réitéré devant ses interlocuteurs sa ferme intention de mener à leur terme les indispensables réformes, notamment l’unification de tous les services de sécurité. Au passage, il en a profité pour rendre hommage à George W. Bush pour « la clairvoyance de sa nouvelle approche moyen-orientale ». Apparemment convaincue par l’exposé, Condoleezza Rice, la secrétaire d’État américaine, s’est fendue d’une ferme mise en garde : « Washington n’admettra pas qu’Israël prenne des mesures de nature à menacer les espoirs de paix. »
Pour en arriver là, Abbas a soigneusement éviter les sujets qui fâchent : pas d’allusion à la poursuite de la construction du mur de séparation ni aux nouvelles implantations de colonies en Cisjordanie. En revanche, il s’est longuement attardé sur ses soucis financiers. Le budget de fonctionnement de l’Autorité enregistre un déficit de plus de 500 millions de dollars, et le coût de la reconstruction des infrastructures détruites par quatre années d’Intifada est évalué à plusieurs milliards de dollars.
En quittant Londres, le leader palestinien s’est déclaré « comblé ». L’Europe, les États-Unis et le Japon ont promis de s’impliquer financièrement dans la mise en oeuvre des réformes (le total des engagements atteindrait 600 millions de dollars), un général américain a été désigné pour aider à la réorganisation des services de sécurité, et l’idée défendue par la France d’une conférence internationale sur le Proche-Orient est de nouveau dans l’air. Ce n’est certainement pas une bonne nouvelle pour Sharon, qui redoute par-dessus tout une internationalisation du conflit.

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