Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 6 février 2005 Lecture : 5 minutes.

Ce que devrait faire Laurent Gbagbo
Les rebelles et leurs alliés reprochent au président Laurent Gbagbo de vouloir soumettre la modification de l’article 35 de la Constitution à référendum. Si d’autres chefs d’État africains ont modifié sans consultation populaire leur Loi fondamentale, il n’est pas de cette génération et il a raison. En revanche, il pourrait demander au peuple de Côte d’Ivoire d’accepter de surseoir à cette modification pour l’élection présidentielle d’octobre 2005 et que tous les Ivoiriens qui le désirent se présentent, sans condition. Sa décision serait politique, compte tenu de la situation exceptionnelle que traverse le pays.
Les rebelles n’auront pas d’autre choix que de désarmer. La communauté internationale, qui ne souhaite qu’une élection ouverte à tous, ne pourra que suivre. Le président élu en octobre 2005 aura alors la liberté de faire, plus tard, un référendum pour amender l’article 35.

Il faut que Ouattara s’explique
Dans son interview (voir J.A.I. n° 2296), Alassane Dramane Ouattara dit au moins une chose importante : le problème de la Côte d’Ivoire est dû à l’irresponsabilité collective de sa classe politique. Mais il évite d’aller au fond des choses, se contentant de déclarations superficielles comme s’il voulait dire aux Ivoiriens : conduisez-moi au pouvoir sans vous poser de questions, on verra après.
De l’avis des analystes du conflit ivoirien, Laurent Gbagbo incarne le nationalisme longtemps étouffé par le président Félix Houphouët-Boigny. Alassane Ouattara pense-t-il réellement diriger la Côte d’Ivoire des années 2000 comme Houphouët a dirigé celle des années 1950 et 1960 ? Pourquoi ne pas aborder cette épineuse question du nationalisme en assurant à ses adeptes qu’ils auront un cadre d’expression garanti ? Se contenter de dire qu’il sera le président de tous les Ivoiriens est clairement insuffisant. Il évoque à peine ses rapports avec le Burkina Faso, dont l’ingérence dans le conflit est claire, et cette attitude n’est pas rassurante. Quant à Guillaume Soro, il va falloir démontrer pourquoi la Côte d’Ivoire ne peut pas se passer de lui. Ouattara ne dit pas quel rôle il lui attribue.

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Condi et Bush, la guerrière et le fêtard
Condoleezza Rice et George W. Bush forment un couple étrange (voir J.A.I. n° 2298). La première, orpheline inconsolable de la guerre froide, a développé devant le Sénat américain une nouvelle version de l’« axe du Mal » et des « États voyous » en montrant du doigt les « postes avancés de la tyrannie », Cuba, la Birmanie, la Corée du Nord, le Bélarus, le Zimbabwe et l’Iran. L’inénarrable guerrière s’est félicitée que le tsunami ait donné aux Américains une « merveilleuse occasion » de montrer ce dont ils étaient capables en matière d’aide. Voilà qui ne va rassurer personne. Quant au locataire de la Maison Blanche, ses incantations redondantes sur la liberté ont de quoi choquer. Un menteur de sa catégorie ne devrait-il pas être plus modeste ? On est d’autant plus peiné que le Texan semble convaincu qu’on le prend très au sérieux. Le temps est venu de lui dire, ainsi qu’à son entourage, que même armé d’une Bible, un ancien fêtard ne saurait être un bon berger.

Le vrai premier maire noir de France
Vous qualifiez Kofi Yamgnane d’« ex-premier maire noir de France (voir J.A.I. n° 2296). Mais selon plusieurs sources historiques, le premier maire noir de France s’appelait Raphaël Elizé. Il était métis martiniquais. Sa liste a remporté haut la main les élections municipales de mai 1929 à Sablé-sur-Sarthe, puis il a été élu maire par le conseil municipal.

Comparons les Constitutions
Le problème posé par l’article 35 de la Constitution ivoirienne apparaît amoindri si l’on compare ses dispositions avec celles, par exemple, prévues par la Constitution de la République gabonaise.
À propos de l’éligibilité à la présidence de la République, l’article 10, alinéa 5, stipule que « Toute personne ayant acquis la nationalité gabonaise ne peut se présenter comme candidat à la présidence de la République. Seule sa descendance ayant demeuré sans discontinuité au Gabon le peut, à partir de la quatrième génération ».
Cela signifie que seul l’arrière-arrière-petit-fils d’un Malien émigré au Gabon peut se présenter, quels que soient la valeur ou les services rendus au pays par ses ascendants. Son propre père serait toujours considéré comme un citoyen de seconde zone.

Rectificatif
Le Programme d’assistance financière (PAF) de la Fifa accorde 1 million de dollars à chaque association membre et 10 millions sur quatre ans à chaque Confédération, et non pas 10 millions à tous ses membres, comme nous l’avons mentionné par erreur dans l’interview de Jérôme Champagne (Voir J.A.I. n° 2297)

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Protégeons notre patrimoine
Je suis profondément navré par la perte du patrimoine culturel de la chefferie Bandjoun (ouest du Cameroun), disparu dans un incendie le 20 janvier dernier (voir J.A.I. n° 2299). L’art de nos aïeux est notre fierté et notre héritage. Il est irremplaçable. Notre devoir est de le protéger au maximum de nos capacités.

Avant Auschwitz, l’esclavage
J’ai été étonné d’entendre dire, le jour de la commémoration du soixantième anniversaire de la libération d’Auschwitz, que ce qui s’est passé dans les camps nazis est le plus grand crime que l’humanité ait jamais connu. C’est vite oublier l’esclavage. Il a duré plus de trois siècles, et 20 millions de personnes ont été arrachées à leur terre. Halte à la réécriture de l’Histoire.

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Bientôt la fin du système Sékou Touré ?
Lansana Conté aurait-il demandé qu’on lui tire dessus ? Difficile à croire. En revanche, les Guinéens ne seraient pas étonnés d’apprendre que son clan (hommes d’affaires et anciens barons du parti unique du dictateur Sékou Touré), par pur égoïsme pour les uns, et pour des motifs idéologiques pour les autres, a tenté de le liquider. Sinon comment expliquer que l’attentat ait eu lieu la veille d’un remaniement ministériel qui s’annonçait lourd de conséquences ? C’est le moment de reconnaître que la démission du Premier ministre François Fall produit toujours des effets. Par peur de l’avenir, les nostalgiques et les affairistes ne veulent pas entendre parler d’évolution majeure des droits de l’homme. Qu’ils sachent que tôt ou tard le vaillant peuple du 28 septembre 1958 va se débarrasser du système Sékou Touré pour se tourner résolument vers la démocratie et le développement.

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