Nationalisations et « haine de classes » à Damas

Publié le 6 février 2005 Lecture : 1 minute.

Les mesures de nationalisation que Damas vient de décréter continuent à provoquer de profonds remous dans les milieux politiques et économiques syriens. […] C’est la seconde vague depuis la prise du pouvoir par le Baas en mars 1963. Depuis, l’épreuve de force est engagée entre le régime et la bourgeoisie syrienne. Impuissant à remplacer des cadres qui s’en vont et une bourgeoisie qui le boude, le Baas a multiplié d’abord les déclarations de bonne volonté au secteur privé. […] Mais à présent, il est question de nationaliser les transports, les biens immeubles, les hôpitaux et les services médicaux. M. Michel Aflak, secrétaire général du Baas a même, dans une déclaration récente au journal Al-Mouharrir, préconisé la nationalisation du commerce extérieur. […]

Les autres dirigeants du parti ont pourtant démenti toute intention de ce genre. Devant ces nationalisations réalisées ou possibles, tout Syrien ou propriétaire bénéficiant d’un revenu de quelque importance, ne songe plus qu’à mettre ses biens à l’abri, à l’étranger, si possible. L’unanimité semblait loin d’être faite au sein du Baas à ce sujet. Certains considèrent que le capital privé est indispensable à la promotion du pays et que toute nationalisation est paralysante. Mais les « Jeunes Turcs » du parti et de l’armée estiment que les intérêts de la bourgeoisie sont liés à ceux des puissances étrangères et que la révolution socialiste ne saurait s’accommoder de solutions de compromis. Cette dernière tendance l’a emporté. Les ponts sont coupés entre le régime et ses adversaires. Les négociants des « souks » ont fermé leurs boutiques. À Damas, la grève du commerce est générale. Passant alliance avec les « Oulémas » et les chefs religieux, la bourgeoisie appelle à la désobéissance civile. Dans la rue, des accrochages sévères ont eu lieu. Du coup, le Baas a institué un tribunal spécial qui a déjà rendu huit condamnations à mort. Il a réussi à déchaîner la haine de classes dans un pays où prévalait un certain équilibre des classes.

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