Farid Chopel

Comédien français

Publié le 6 février 2005 Lecture : 3 minutes.

Star dans les années 1980, il a écumé les cafés-théâtres de France et du monde entier avec des spectacles décalés où la musique occupait souvent une place primordiale. Au cinéma, il a surtout décroché des seconds rôles et a donné la réplique à Isabelle Huppert (Sac de noeuds, de Josiane Balasko) ou à Coluche (La Vengeance du serpent à plumes, de Gérard Oury). Puis un beau jour, au sommet de la gloire, Farid Chopel, comédien, chanteur et danseur, s’est dissous dans les vapeurs d’alcool des nuits parisiennes. Son absence aurait pu être éternelle. Elle a duré dix ans.

Et puis voilà qu’aujourd’hui ressuscite devant nos yeux sa longue silhouette, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. À 50 ans et des poussières, il a toujours l’allure d’un jeune homme, son sempiternel béret vissé de travers sur la tête. L’histoire de sa résurrection, il la raconte avec élégance et sans pathos dans Le Pont du milieu, un spectacle qu’il a d’abord commencé à jouer discrètement dans des petites salles. Ses fans le redécouvrent dans un one-man show autobiographique, parfois drôle mais souvent émouvant.
Farid Chopel est d’origine kabyle, mais il se sent davantage Titi parisien ascendant lorrain, parce qu’il a plus souvent passé ses vacances chez sa tante en Lorraine que dans la Kabylie de ses aïeux. Voilà balayée la question des origines. C’est du Chopel et non du Smaïn ou du Debbouze : il serait donc vain d’attendre dans son spectacle une quelconque référence à la cité, au bled et aux caves de HLM. « J’ai grandi entre ma mère et ma grand-mère dans une banlieue tranquille, il n’y avait pas de délinquance, les choses se passaient bien », confie-t-il en sirotant son déca au Philosophe, café du 11e arrondissement parisien où il a ses habitudes.
Une enfance paisible, certes, mais marquée par l’absence du père et le rêve de devenir médecin. Ambition contrariée lorsqu’il se découvre, par hasard, une passion pour les planches. « À aucun moment je n’ai voulu être comédien, ça ne m’a jamais effleuré l’esprit. Il se trouve que dans mon lycée il y avait un club théâtre », explique-t-il.
Après le bac, il ne s’inscrit pas en médecine, mais fonde avec des amis Laila, une troupe de théâtre expérimental qui lui servira de centre de formation entre 1973 et 1975. Le Conservatoire ? « J’ai passé le concours d’entrée, mais je me suis planté en beauté ! » se souvient-il. C’est à ce moment-là qu’il se convertit au bouddhisme et que Farid prend le nom de Chopel (ou plus précisément Karna Chopel Targueï, « le dragon qui monte au ciel », en tibétain).

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À partir de 1978, il prend seul son envol avec Chopalia. Ce premier one-man show le conduira en tournée en France et à l’étranger. En 1980, le succès est de nouveau au rendez-vous avec Les Aviateurs, un spectacle écrit, réalisé et interprété en compagnie de Ged Marlon. C’est aussi en cette période faste qu’il tourne sous la direction de Tony Gatlif (Les Princes, 1982) ou de Bertrand Blier (La Femme de mon pote, 1983).
Il fait aussi une apparition très remarquée dans une publicité pour eau gazeuse… mais sombre rapidement dans l’alcool. La suite, on la connaît. Dix ans d’ivresse. Plus de compte en banque, plus un sou en poche, plus un toit, seulement des lits offerts au hasard des rencontres dans les bars. « J’ai flirté avec la mort et j’ai frôlé la folie, mais j’en suis le seul responsable. J’assume et je ne regrette rien à partir du moment où je suis encore vivant aujourd’hui », confie-t-il.

Et puis le bout du tunnel entraperçu grâce à une rencontre amoureuse et de bons médecins. Et, enfin, l’envie d’être en vie, de remonter sur scène. Il tombera sur une cassette enregistrée il y a plusieurs années autour du thème des mémoires et il s’en servira pour écrire Le Pont du milieu. Et, pour la première fois, il éprouve une appréhension et doute de son talent. Autant de sentiments qu’il n’avait jamais ressentis auparavant. « Je jouais dans la rue à Nancy et, quelques semaines plus tard, j’étais programmé au « off » à Avignon. Aussitôt, j’ai enchaîné les spectacles », se souvient-il. À ses débuts, le succès lui était venu très vite, trop vite peut-être, au point de le figer dans une griserie dont il vient tout juste d’émerger.

Depuis janvier, et jusqu’au 23 mars, Farid Chopel « investit » le Théâtre Rive-Gauche (6, rue de la Gaîté, 75014 Paris).

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