Criminel au long cours

Le « plus ancien détenu de Genève » est de retour au pays.

Publié le 6 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Le Tunisien Abdelaziz Bouajila, 43 ans, qui détenait, jusqu’à sa libération conditionnelle, le 27 janvier dernier, le titre peu envié de « plus ancien détenu de Genève », vient de rentrer dans son pays. Seule son avocate bénévole, Doris Leuenberger, l’a accompagné dans ce retour.
Né en 1961 dans un village du nord de la Tunisie, Bouajila débarque en Suisse à l’âge de 19 ans. Seul, sans papiers ni qualification, il plonge dans la délinquance. Son parcours criminel commence en 1981, à Genève, où il s’attaque à un homosexuel, l’étrangle avant de le pendre avec sa cravate. Il assassine par la suite deux autres homosexuels à Zurich, selon le même rituel qui lui vaudra le surnom d’« étrangleur à la cravate ». La chevauchée criminelle de Bouajila s’achève en avril 1987 par une cavale tout aussi meurtrière. Avec à la complicité d’une jeune codétenue suisse nommée Ruth Schaefler, il s’évade de la prison de Champ-Dollon. Le lendemain, les deux fugitifs assassinent une jeune auto-stoppeuse de Bâle dans une forêt de Zurich. Puis, cherchant des passeports dans l’auberge de jeunesse de la ville, ils abattent le gardien et menacent un pensionnaire. Ils sont arrêtés, peu de temps après, dans une chambre d’hôtel à Lugano.
Le Tunisien sera jugé pour cinq assassinats, une tentative d’assassinat, sept brigandages aggravés, trois vols et une mise en danger de la vie d’autrui. Le 13 mars 1991, la cour d’assises de Genève le condamne à la réclusion à perpétuité. Bouajila, qui avait déjà passé huit ans en détention préventive et comptait cinq évasions à son actif, passe douze autres années au pénitencier de Bochuz, en Suisse alémanique, avant de rejoindre le centre de sociothérapie de la Pâquerette, où il demeurera jusqu’à sa libération.
En Suisse, une personne condamnée à la réclusion à vie peut demander sa libération conditionnelle au bout de quinze ans de détention. Passé ce délai, l’autorité doit accéder à une telle requête si le comportement du condamné a été bon et s’il est à prévoir qu’il se comportera bien en liberté. Les quatre premières demandes de l’intéressé ayant été rejetées, Bouajila saisit en juin dernier le tribunal administratif, qui lui donne finalement raison. Un avis médical finit par convaincre les juges de le relâcher. L’homme est devenu, selon les termes du professeur Timothy Harding, médecin-chef de la division de médecine pénitentiaire, « beaucoup plus posé, capable d’écouter et de respecter autrui, même dans des situations conflictuelles ».
L’ancien criminel, qui a suivi une formation en informatique, a retrouvé sa famille et un travail chez son frère. Une nouvelle vie s’offre à lui.

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