Une volonté de renouveau

Publié le 5 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

A Bruxelles, les prix de l’immobilier flambent depuis quelques mois. Les rues de la ville résonnent de langues inconnues jusqu’alors, originaires des pays de l’Est… Arrivés en mai dernier, les dix « nouveaux entrants » de l’Union européenne font déjà sentir leur influence dans la capitale belge. Européenne, Bruxelles l’est plus que toutes les autres métropoles du Vieux Continent. Et les Bruxellois, pourtant si fiers de leur accent, de leur histoire et de leur spécificité – une enclave francophone en région flamande – revendiquent sans complexe leur « européanité ». Y aurait-il dorénavant plus de drapeaux bleus ornés d’étoiles dorées que d’étendards tricolores noir, jaune et rouge à Bruxelles ? Le visiteur de passage n’est pas loin de le constater et réalise soudainement que c’est cette Union européenne, à la Constitution si critiquée, qui fait tenir la Belgique. Tiraillée entre une Flandre agressivement sécessionniste et raciste (les succès populaires du Vlaams Belang peuvent faire pâlir de jalousie le Front national de Jean-Marie Le Pen) et une Wallonie minée par le chômage et la fin de l’époque glorieuse du charbon, la fédération belge ne tient plus qu’à un fil. Pourtant, les attaques répétées des Flamands contre les Wallons ont créé chez ces derniers une volonté de renouveau. Si la Belgique craquait, les francophones auraient bien du mal à échapper à l’influence de la France et à préserver leur identité. Pour les Belges, la partition est hors de question.

Mais le salut pourrait venir de plus loin encore. Des anciennes colonies, par exemple, et de la multitude d’Africains francophones qui cherchent une terre d’asile. Car, avec une législation bien plus progressiste que celle de la France dans le domaine de l’immigration (on y est régularisé plus vite, on peut même y voter lors des élections municipales), la Belgique offre de nombreux avantages aux Marocains, Algériens et autres Congolais qui désirent y trouver logement, emploi et sécurité. Les ressortissants de la République démocratique du Congo seraient cent cinquante à pénétrer chaque mois sur le territoire belge. Mieux encore, pour refléter la mixité de la population, les gouvernements (fédéraux et provinciaux) ont nommé trois ministres issus de l’immigration après les élections de juillet. Une manière, aussi, de réaffirmer le pluralisme du pays face aux thèses du Vlaams Belang et de montrer au monde entier que ce petit pays qui ne cesse d’innover – et d’avancer – n’est pas le plus perdu au milieu d’une Europe qui se cherche.

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