Londres et Madrid à l’index

Les putschistes de Malabo ont bénéficié de soutiens extérieurs.

Publié le 5 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs semaines après la fin des procès de Harare et de Malabo, l’équipée mercenaire du 7 mars 2004 contre le régime équatoguinéen est loin d’avoir livré tous ses secrets. Des zones d’ombre subsistent ainsi sur le rôle exact de l’Espagne et de la Grande-Bretagne dans cette affaire. La droite espagnole et les conservateurs britanniques ont été accusés d’avoir financé l’opération pour installer au pouvoir leur poulain, l’opposant équatoguinéen (en exil à Madrid) Severo Moto. Avec l’intention, à peine déguisée, de prendre le contrôle des richesses pétrolières de ce petit État du golfe de Guinée.
Le dernier rebondissement ne touche pourtant pas, comme on aurait pu le croire, les milieux conservateurs, mais une éminente personnalité du Parti travailliste du Premier ministre britannique Tony Blair. Ancien parlementaire, aujourd’hui membre de la Commission de l’Union européenne, Peter Mandelson – c’est son nom – aurait, au moins à deux reprises, discuté du projet de coup d’État en Guinée équatoriale avec l’homme d’affaires libano-britannique (et ami de Severo Moto) Elie Khalil, suspecté d’être l’un des financiers de l’opération. C’est du moins les informations publiées par plusieurs journaux londoniens qui s’appuient sur des notes confidentielles des services britanniques. Mandelson aurait ainsi assuré à son interlocuteur qu’il n’avait pas de souci à se faire en cas d’échec du coup. Bien entendu, Mandelson et Khalil récusent ces allégations.
La Grande-Bretagne est au coeur de cette rocambolesque affaire qui a déjà entraîné deux procès. Le premier à Harare, où soixante-dix mercenaires, dont le Britannique Simon Mann, ont été interpellés alors qu’ils étaient en escale le 7 mars 2004, jugés, puis condamnés le 10 septembre. Le deuxième à Malabo, où dix-neuf autres « affreux » ont écopé, le 26 novembre, de différentes peines de prison. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw lui-même, a admis avoir été informé du projet de coup d’État dès janvier 2004 sans s’en préoccuper outre mesure. Par ailleurs, Logo Ltd et Systems Design Ltd, deux sociétés appartenant à Simon Mann et basées dans les îles anglo-normandes Jersey et Guernesey, auraient servi d’intermédiaires pour le financement de l’opération du 7 mars à Malabo, du moins à en croire Mes Rasseck Bourgi et Henry Page, deux des avocats du gouvernement équatoguinéen. En dehors de Mann, fondateur de la célèbre firme sud-africaine de mercenaires Executive Outcomes (aujourd’hui dissoute), un autre citoyen britannique est mis cause. Il s’agit de sir Mark Thatcher, fils de l’ancien Premier ministre Margaret Thatcher. Cet amateur de courses automobiles est assigné à résidence au Cap, en Afrique du Sud, où il réside depuis plusieurs années.

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