Le testament d’Albert

Publié le 5 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Après un bref passage à Addis-Abeba, le 10 décembre, pour un conclave de l’Union africaine sur la crise ivoirienne, et un dernier séjour à New York, le 13 décembre, pour la réunion du Conseil de sécurité sur le même thème, Albert Tévoédjrè, le représentant spécial de Kofi Annan en Côte d’Ivoire, quittera ses fonctions. Il en a informé le secrétaire général, notamment dans une correspondance datée du 24 novembre dont le contenu, au-delà des formules de politesse, vaut testament.
« Vous avez eu la grande bienveillance de m’appeler à vos côtés pour contribuer à gérer le dossier de la crise ivoirienne. […]
Il se fait que, depuis le 4 novembre 2004, la Côte d’Ivoire et la communauté internationale se retrouvent à un carrefour que nul n’avait prévu. Il va falloir revoir nos priorités, notre calendrier et notre dispositif sur le terrain. La mission de médiation du président Mbeki permettra sans doute une reprise en main à laquelle l’Onuci doit participer. Je suis prêt à toute action nécessaire pour cela.
Je pense néanmoins que les circonstances nouvelles et les graves incertitudes qui s’affichent imposent aujourd’hui une réflexion personnelle à mon niveau.
Certes, nous pouvons nous réjouir et rester fiers de tout ce que nous avons accompli pour la paix en Côte d’Ivoire avec l’appui toujours ferme du Conseil de sécurité et d’autres partenaires d’Afrique et d’ailleurs. Mais je pense sincèrement, pour ma part, à 75 ans, que le temps est venu de me concentrer aussi sur d’autres priorités essentielles.
Je voudrais vous prier de me le permettre à compter d’une date pouvant vous convenir dans l’intérêt d’une gestion ordonnée de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire. »

En charge de l’épineux dossier ivoirien depuis février 2003, le diplomate béninois n’a pas eu la tâche facile. Les protagonistes de la crise attendaient de lui qu’il impose la paix, mais telle que chacun d’entre eux la percevait sur le seuil de sa porte. Ses relations – disons – difficiles à la fois avec le président Laurent Gbagbo et l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Gildas Le Lidec, ont également pesé dans la balance. Cet homme politique et intellectuel de renom ne chômera pas pour autant. Dans un an, débutera, au Bénin, la campagne pour la désignation du successeur de Mathieu Kérékou, dont Tévoédjrè avait organisé la résurrection politique en 1996. Frappé par la limite d’âge constitutionnelle (70 ans), l’ex-numéro deux du Bureau international du travail ne peut lui-même briguer la magistrature suprême, mais nul doute que son choix comptera dans la décision des électeurs. En attendant, Tévoédjrè a eu l’agréable surprise d’apprendre qu’il avait été choisi comme « cas » d’étude par l’École des hautes études commerciales (HEC) de l’Université de Montréal, au Canada. Le mémoire, qui passe au peigne fin la vie et le parcours de ce « compagnon d’aventure » de Senghor, devrait être disponible sur le Web courant décembre.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires