Les paillettes de Nicolas

Publié le 5 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Sarkozy est-il une bête de médias ou un animal politique ? Un paon qui fait la roue ou un fauve qui dévore tout sur son passage ? Va-t-il s’inscrire dans une lignée qui va de Jean-Jacques Servan-Schreiber à Jean-Marie Messier en passant par Bernard Tapie, ou dans une autre qui va de De Gaulle évidemment hors-concours à Jacques Chirac en passant par François Mitterrand ? Les paillettes ou l’escopette ?

Au lendemain de son « sacre » du Bourget, c’est la principale question qui se pose. La solution de facilité consisterait à prétendre qu’il appartient aux deux séries à la fois. Ce serait oublier qu’elles sont contradictoires. Je note que les grands fauves sont d’abord mal à l’aise avec les médias. Avant de fasciner les foules, de Gaulle était, au début de sa carrière, un orateur si médiocre qu’il faisait, à la Libération, la joie du Canard enchaîné et qu’il dut prendre des cours de diction avec un acteur de la Comédie-
Française. Mitterrand a longtemps ressemblé à Belphégor, et Chirac, à un comédien ringard. À l’inverse, les Messier et Tapie ont le sourire facile et le bagout inépuisable.
S’ils aiment les médias, les médias le leur rendent bien, qui font à satiété leur portrait
et leur promotion. Sarko : combien de unes de magazines en trois ans ?
Les grands fauves ont leurs repaires campagnards qui fleurent bon la province éternelle : ils ont nom Colombey-les-Deux-Églises, Château-Chinon et le Morvan, Ussel et la Corrèze. C’est là qu’ils se ressourcent pour affronter l’adversité, l’impopularité, les aléas de la politique. Les mirliflores, eux, habitent de préférence les beaux quartiers de l’Ouest, jamais très loin du siège des télévisions. Les premiers entretiennent un tête-à-tête avec la France, les seconds avec les sondages. Les premiers ont une idée fixe – une certaine idée de la France – à quoi ils sacrifient tout le reste ; ils sont prêts, s’il le faut, à de dures traversées du désert. Les seconds sont des touche-à-tout, des Fregoli et des Narcisse. De Gaulle avait fait le don de sa personne privée à sa personnalité publique ; les amuseurs ont depuis longtemps oublié la différence entre le privé et le public.

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Revenons à Nicolas Sarkozy. […] Ferait-il un bon candidat à la présidence ? Ce n’est pas certain ; pour le moment, il a mieux réussi devant les téléspectateurs et les
militants que devant le suffrage universel, qui lui a administré quelques claques retentissantes. La frontière qui sépare la popularité de l’éligibilité est assez mystérieuse, mais réelle.

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