Kipchoge Keino

Ancien champion olympique kényan

Publié le 5 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Quel destin que celui de Kip Keino ! Avec la course à pied pour tout viatique, il se retrouve à la tête du comité olympique du Kenya et, en septembre 2000, au sein du CIO (Comité olympique international).
Kipchoge Keino naît à Kamchemoiywo, en pays nandi, au milieu d’une famille de six enfants. Orphelin de mère à 3 ans, il garde les chèvres, entre à l’école à 13 ans et la quitte trois ans plus tard, faute d’argent. Déjà, il s’adonne à sa passion, la course à pied, et construit, avec des amis, une piste autour de la ferme familiale.

En 1958, il trouve refuge dans la police. À Kijango, un inspecteur chef, Mickaël Wade, l’entraîne à son sport favori et lui prodigue des conseils. À 19 ans, il court un mile (1 609 mètres) en 4’38 » et, trois ans plus tard, le 3 miles en 13’46 ». Sélectionné pour les jeux du Commonwealth de Perth, il termine onzième. En 1963, l’indépendance de son pays lui ouvre les portes de l’athlétisme international. L’ancien champion olympique américain Mel Whitfield l’initie aux méthodes modernes de préparation, et Keino participe aux jeux Olympiques de Tokyo en 1964 (cinquième sur 5 000 m et demi-finaliste sur 1 500 m).
En 1965, il débarque en Europe et se confronte aux meilleurs coureurs mondiaux. Après de belles victoires sur l’Australien Ron Clarke et le Français Michel Jazy, il bat deux records du monde : le 3 000 m en 7’39 »6, le 5 000 m en 13’24 »22 – une première pour un Africain -, rafle l’or aux jeux Africains de Brazzaville et se fait apprécier pour son panache. Dans la foulée, il prépare les J.O. de Mexico en 1968, s’entraîne dur au Kenya, à 2 400 m d’altitude, et devient fin tacticien. Las, une infection de la vésicule biliaire le force à abandonner sur 10 000 m. Sur le 5 000 m, il se fait distancer par le Tunisien Mohamed Gammoudi, mais remporte haut la main le 1 500 m en 3’34 »9, laissant à plus de 20 m son rival, l’Américain Jim Ryun. Quatre années plus tard, sur la piste olympique de Munich, il ajoute à son palmarès l’or sur le 3 000 m steeple et l’argent sur le 1 500 m. Il n’a pas de rival. Keino et Kenya deviennent synonymes.
En janvier 1973, aux jeux Africains de Lagos, le champion effectue ses dernières courses d’amateur avant de s’expatrier aux États-Unis, où il devient professionnel et s’engage, pour 25 000 dollars, avec l’International Track Association. En 1975, il met un terme à sa carrière d’athlète et rentre au pays.

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Marié à Phyllis, Kip aura sept enfants. Le couple accueille dès 1964 trois orphelins. D’autres gosses en situation précaire les rejoignent dans l’orphelinat en bois que le champion a fait construire. À l’heure actuelle, la Children’s Home en abrite presque une centaine. Ce ne sont pas les 25 000 dollars accumulés au cours des dernières années de sa carrière qui font vivre tous les Keino : en fait, Kip s’en est servi pour acquérir une ferme et bâtir sa première maison. Au milieu des années 1970, il ouvre une boutique d’articles de sport. En 1993, il crée la Baraka Farm et s’occupe d’élevage, histoire d’assurer l’autonomie alimentaire de sa nombreuse famille. Cinq ans plus tard, il fonde à Eldoret la Kip Keino Scholl, qui accueillera 260 enfants et 10 enseignants payés par le gouvernement kényan.

Keino crée aussi un centre d’entraînement financé par le CIO. En 1999, il remplace son compatriote Charles Mukora à la tête du Comité olympique kényan. S’il dirige à maintes reprises les délégations de son pays aux J.O. et aux Championnats du monde, il ne tourne pas le dos à la course et prend part à de nombreux meetings, pour le plaisir certes, mais aussi pour récolter les fonds nécessaires à ses projets. C’est ainsi qu’il court son premier marathon à Londres, en avril 2002, à l’âge de 62 ans. Docteur honoris causa ès lettres de l’université d’Egerton (au Kenya) et médaillé de l’Ordre olympique, Kip, en juin 2004, répond favorablement à une sollicitation de la… Fifa et accepte de diriger le comité provisoire de gestion de la Fédération kényane de football. Objectif : qualifier les Harambee Stars pour le Mondial 2006. De la course à pied au ballon rond, il n’y aura eu qu’un pas pour cet éclaireur de l’athlétisme africain !

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