Dico par-ci, dico par-là

Publié le 5 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Evénement majeur de cette fin d’année éditoriale en France, la parution du Nouveau Littré (47000 entrées, 1640 pages, 42 euros), refonte du Petit Littré de 1874, vient remettre en question le traditionnel tête-à-tête entre le Robert et le Larousse, les deux leaders du marché des dictionnaires de langue.
Moins spectaculaire, mais beaucoup plus significatif, est l’engouement des éditeurs (et du public) pour toutes sortes d’ouvrages construits selon l’ordre alphabétique. Parmi les parutions récentes, on relève un Dictionnaire de la justice (PUF), un Dictionnaire de la philosophie (Fayard), le Dictionnaire d’histoire universelle, de Michel Mourre (Bordas), La Préhistoire, histoire et dictionnaire (Laffont, « Bouquins ») ou encore le Vocabulaire européen des philosophies (Le Seuil/le Robert).
Mais, en marge des disciplines traditionnelles des sciences sociales et humaines, les dictionnaires envahissent tous les rayons des libraires, les arts plastiques étant particulièrement bien représentés. Les biographies classiques cèdent aussi à cette mode. Cette année, on a eu droit, entre autres, au Dictionnaire Truffaut (La Martinière) et au Dictionnaire Céline (Plon). Les « vrais » écrivains sont mis à contribution. Pour sa collection de « Dictionnaires amoureux », Plon a requis coup sur coup Philippe Sollers (Venise), Pierre-Jean Rémy (l’opéra) et notre collaborateur Malek Chebel (l’islam).
Une avalanche de lexiques plus ou moins facétieux complètent le tableau.
Comment expliquer cette prolifération ? Les spécialistes établissent un parallèle avec le zapping à la télévision et la navigation sur Internet. Dans un livre traditionnel, avec un début et une fin, le lecteur est invité à emprunter un chemin unique. Avec un livre à entrées multiples, il peut picorer au gré de ses envies.
Il reste qu’en amont, au niveau des auteurs, la vogue des dictionnaires est le reflet d’une crise de la pensée. Jusqu’au début des années 1980, les sciences sociales étaient dominées par des figures telles que Sartre, Foucault, Barthes ou encore Lacan. Les ouvrages actuels se contentent souvent de digérer leurs apports. La forme lexicale permet par ailleurs un traitement moins dogmatique de matières nouvelles. C’est aussi une facilité pour les auteurs débutants. Bref, le « dico » arrange tout le monde.

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