Controverse à Rabat

Publié le 5 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Tout le monde en parle, beaucoup la critiquent. Avant même qu’elle ait eu lieu, la première conférence internationale du Forum pour l’avenir, prévue le 11 décembre à Rabat, n’en finit pas de défrayer la chronique. Organisé conjointement par le Maroc, les États-Unis et le G8, cet événement s’inscrit dans le cadre du projet de Partenariat pour le progrès et un avenir commun avec la région du Moyen-Orient élargi et l’Afrique du Nord (Moena), lancé lors du sommet du G8 à Sea Island, en juin 2004.

Colin Powell, secrétaire d’État américain, coprésidera la rencontre avec son homologue marocain, Mohamed Benaïssa. Y participeront des ministres des Affaires étrangères ainsi que des ministres des Finances du G8 et des vingt-deux pays arabes. L’Union européenne, l’Union du Maghreb arabe, la Ligue arabe et le Conseil du Golfe seront également représentés. Pour éviter d’éventuels désistements de pays arabo-musulmans, Israël n’a pas été convié.
Le Forum pour l’avenir se veut un espace de réflexion, de concertation et de dialogue. À l’ordre du jour : les moyens de consolider l’engagement des pays de la zone Moena en faveur du progrès et de la démocratie ; les mesures nécessaires au développement politique, économique et social ; l’alphabétisation ; la formation professionnelle ; l’octroi de microcrédits ; et la création d’une Banque du développement.
Grâce à ces réformes, les initiateurs du projet espèrent endiguer « le péril terroriste ». Cette idée est d’ailleurs au centre même du débat puisque certains estiment qu’une lutte efficace contre la terreur passe nécessairement par l’instauration de conditions favorables aux échanges, aux investissements et à l’emploi. Les États-Unis souhaitent donc aider les pays de la région, en tenant compte (bien sûr !) de leurs spécificités politiques, historiques, culturelles.

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Ces déclarations d’intention outre-Atlantique sont en tout cas très mal perçues par une frange importante de l’opinion marocaine, qui considère la conférence du 11 décembre comme une tribune destinée à faire l’apologie de la vision « bushienne » du Grand Moyen-Orient (GMO), qui recouvre l’ensemble des pays allant de la Mauritanie au Pakistan, et dont le seul dénominateur commun est « l’islamité ». De là à décréter une quelconque unité…

Dans une certaine mesure, la nature des relations américano-marocaines a pesé sur le choix du lieu du Forum : les États-Unis apprécient la « modération » du royaume chérifien sur la question israélo-arabe et son expertise en matière de lutte contre le terrorisme. Une Cellule marocaine contre le Forum de l’avenir (CMCFA) s’est constituée, qui dénonce un « projet impérialiste, sioniste et réactionnaire ». Cette coalition regroupe plusieurs partis politiques islamistes – dont le Parti de la justice et du développement et Al Adl wal Ihsane -, la gauche radicale, l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), Transparency Maroc et diverses ONG. La CMCFA a profité d’une manifestation de soutien à l’Irak et à la Palestine pour exprimer son opposition à la tenue du Forum ; 20 000 personnes ont défilé à cette occasion, le 28 novembre, à Rabat. Enfin, une réunion de la société civile parallèle au Forum pour l’avenir est organisée les 8 et 9 décembre par la Fédération internationale des droits de l’homme, l’AMDH, la Banque mondiale et diverses organisations.

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