Bruxelles plurielle

Riche de son patrimoine historique, la capitale belge se veut résolument moderne.

Publié le 5 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

« Bruxelles, ma belle, je te rejoins aussitôt que Paris m’ait trahi… », chantait le Hollandais Dick Annegarn dans les années 1970. À un peu plus d’une heure de train de la capitale française, Bruxelles possède bien des atouts. Dotée d’un passé riche et profondément européen, la métropole belge offre un curieux patchwork d’architectures, langues et communautés. Un style particulier qui fait indéniablement son charme. La cité ancienne, ses rues médiévales, sa Grand-Place – la plus belle au monde, selon Victor Hugo – rappellent la longue histoire de Bruxelles, fondée en 979, et ses différentes influences : autrichienne, espagnole, française.
Simple fontaine d’utilité publique, le célèbre Manneken-Pis symbolise l’humour des Bruxellois, l’esprit de contestation et d’insouciance qui les caractérise, mais aussi leur résistance aux multiples occupations étrangères. Comme disent les Belges, fiers de leur petit bonhomme de bronze, c’est le seul garçon que l’on connaisse qui pisse le dos au mur !
Mais Bruxelles ne se limite pas à ses monuments célèbres. Au hasard de pérégrinations, de grandes fresques murales et des statues représentant des personnages de BD nous replongent dans l’univers familier de Tintin, de Blake et Mortimer, de Lucky Luke et des Dalton, de Gaston Lagaffe et des multiples personnages qui ont peuplé notre enfance. Le Centre belge de la bande dessinée, rue des Sables, retrace un siècle de dessins en présentant des oeuvres originales et les secrets de nos héros.
Des balades qui permettent également de découvrir les façades art nouveau de la ville, qui mettent en scène les matériaux de construction métalliques, les volumes et les lumières. Ne surtout pas manquer la maison Horta, l’hôtel Solvay ou les anciens magasins Old England.
Bruxelles, c’est encore le mélange d’arômes avec ses traditions culinaires. Son chocolat, ses fromages crémeux, ses plats traditionnels comme les moules ou les « fritures », ses pains briochés, ses gaufres, sans oublier ses bières, blondes ou brunes. Jacques Brel aimait d’ailleurs particulièrement zwanzer (« plaisanter »), un verre à la main, avec ses compatriotes à la Mort subite ou à la Taverne du passage, deux des estaminets les plus connus.
Bruxelles, c’est enfin ses lieux exotiques et ses communautés. Allez chiner au marché aux puces des Marolles, le quartier des Marocains et des Turcs. Et découvrir Matongué, du nom d’un quartier éponyme de Kinshasa, le coeur de la vie black de la capitale. Coiffeuses, vendeurs de pagnes, de disques de musique africaine… les Africains se retrouvent à Matongué pour faire leurs affaires et discuter du pays.
Mais Bruxelles est une ville qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, a été défigurée par de grands projets architecturaux. Les voies rapides, l’élargissement des artères, la transformation d’immeubles en bureaux, la construction des édifices qui ont accueilli les institutions européennes ont irrémédiablement balafré la capitale en reléguant l’habitat urbain dans les quartiers périphériques. Caractéristique de notre époque, la spéculation, encouragée par le laisser-faire des politiques, a entraîné la destruction de beaux ensembles et en menace beaucoup d’autres. Le quartier de Matongué, situé à proximité des bâtiments de l’Union européenne qu’arpente une cohorte de fonctionnaires aux portefeuilles bien garnis, attise la convoitise des promoteurs immobiliers. Ceux-ci cherchent à y implanter des immeubles modernes et des grands magasins, générateurs de belles plus-values. Heureusement, certains politiques, sous la pression de la société civile, tentent de réhabiliter le patrimoine de la cité. Quelque 150 millions d’euros ont été débloqués ces dernières années pour permettre à Bruxelles de préserver son identité. Reste à savoir si cela sera suffisant pour arrêter la fièvre immobilière.

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