Dix ans déjà

Publié le 5 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Doha, 1er novembre. Dans le hall d’un palace de la capitale qatarie, une gracieuse jeune femme drapée dans une abaya noire aux manches brodées d’or est plongée dans la lecture d’Ach-Charq (« L’Orient »), l’un des trois quotidiens du pays. Soudain, elle referme le journal et lâche d’une voix forte : « Que Dieu préserve Cheikh Hamed ! » Elle vient d’apprendre qu’Al-Jazira, la chaîne satellitaire créée et financée par l’émir Cheikh Hamed Ben Khalifa Al Thani, fête ce jour-là son dixième anniversaire. Dans ce minuscule mais opulent pays, Al-Jazira est une fierté nationale. « Elle a donné aux Qataris une visibilité inespérée, dans les pays arabes et dans le monde entier », commente un journaliste égyptien.
Même le vieux Youssouf al-Qaradaoui, le dirigeant des Frères musulmans égyptiens installé à Doha depuis plus de trente ans, a tenu à assister aux côtés de l’émir et de son épouse, la très influente Mouza al-Mousned, à la cérémonie d’anniversaire organisée dans les locaux de la chaîne. Au programme, une projection d’images d’archives retraçant les grands moments qui ont contribué à établir la notoriété internationale d’Al-Jazira : de l’opération « Renard du désert », en Irak, à la récente guerre du Liban, en passant par l’invasion de l’Afghanistan, en 2001, la seconde Intifada et la prise de Bagdad, en 2003. Sans oublier les messages audiovisuels d’Oussama Ben Laden, le chef d’al-Qaïda, et d’Aymen Zawahiri, son bras droit.
Devant l’entrée principale du siège de la « CNN arabe », un « Mur de la liberté » est ensuite inauguré. Il s’agit d’un mémorial où sont gravés les noms des quelque 630 professionnels de médias tués dans l’exercice de leur métier, dans le monde entier, au cours la décennie écoulée.
Ensuite, place à la retransmission, en direct depuis le théâtre de Piacenza, en Italie, de la symphonie Charq (Orient), du compositeur libanais Marcel Khalifa. Le message véhiculé par cette uvre « reflète notre philosophie, notre volonté d’établir des ponts avec le reste de l’humanité », estime Wadhah Khanfar, le directeur général d’Al-Jazeera Satellite Network (ASN), le groupe auquel appartient la chaîne la plus regardée dans le monde arabe.
C’est à peu près dans les mêmes termes que le patron d’ASN commentera un peu plus tard le lancement, le 15 novembre, d’Al-Jazira International, une chaîne d’information en anglais pourvue de quatre bureaux régionaux (à Doha, Kuala Lumpur, Londres et Washington) et d’une pléiade de journalistes venus (notamment) de la BBC et de CNN. « Dans un premier temps, nous tablons sur 40 millions téléspectateurs », révèle Khanfar.
Par ailleurs, le groupe s’apprête à lancer Al-Jazira Al-Dawlia, un quotidien panarabe dont le siège sera à Doha. Selon Mahmoud Chammam, membre du conseil d’administration d’ASN, il privilégiera « l’investigation » et dénoncera avec plus de vigueur qu’Al-Jazira TV les fléaux qui gangrènent les sociétés arabes. À commencer par la corruption.

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