Notre ami Mouammar
Venu à Tripoli, le 30 août, pour présenter les excuses de l’Italie au peuple libyen pour les crimes de la colonisation et annoncer le versement d’une compensation (5 milliards de dollars sur vingt-cinq ans), le président du Conseil italien a également évoqué devant son hôte les problèmes de Telecom Italia, dont la dette s’élève à 37 milliards d’euros. Grand seigneur, Kadhafi a promis de l’aider. Chose promise, chose due : le fonds d’investissement libyen, qui dispose d’un trésor de 100 milliards de dollars, a confirmé, fin septembre, sa volonté de placer 6 milliards de dollars dans le panier de Telecom Italia, soit bien plus que les compensations promises par Berlusconi.
On se souvient que le même Kadhafi avait, en 1976, sauvé deux compagnies italiennes de la faillite : Fiat et la banque Mediobanca. Giovanni Agnelli, le patron du constructeur automobile, l’avait remercié en acceptant de faire entrer deux Libyens dans le conseil d’administration de sa société. Ces derniers n’avaient pas fait de vagues et avaient accepté de revendre leur part lorsque la santé financière de Fiat s’améliorait (en 1986). Berlusconi est ainsi assuré que les Libyens bloqueront toute tentative des actionnaires minoritaires étrangers (en l’occurrence, la firme espagnole Telefónica) de prendre le contrôle de Telecom Italia, dont l’action a perdu 50 % de sa valeur depuis janvier, tombant à 1,04 euro le 1er octobre. Kadhafi accepte d’en acquérir 10 % pour 1,50 euro. Fort de ce soutien, le patron de Telecom Italia, Franco Bernabe, annoncera, le 2 décembre, un plan de redressement pour 2009-2011 évalué entre 8 et 15 milliards d’euros.
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