Ne dites plus Afghanistan, mais Irakistan

Publié le 5 octobre 2008 Lecture : 2 minutes.

En 2001, nous avons gagné la guerre en Afghanistan en renversant les talibans. Après quoi nous sommes allés gagner la guerre en Irak. Aujourd’hui, avec au moins un attentat-suicide par jour et un pays découpé en enclaves religieuses antagoniques, nous avons gagné la guerre en Irak et nous retournons en Afghanistan, où les talibans, si parfaitement vaincus par nos jeunes gens, ont apporté la preuve de leur faillite morale et politique en remettant la main sur la moitié du pays. Bien sûr, il y a de temps en temps une grenade qui explose ou un tir de mortier, mais à New York et à San Francisco aussi, il y a des victimes.
Après d’« inimaginables » progrès en Irak – pour citer le rigolo qui occupe encore la Maison Blanche -, les Américains vont dégager de ce pays 8 000 soldats et expédier 4 700 d’entre eux dans l’enfer afghan. Trop peu, trop tard, selon le mot d’un confrère français. Il faudrait au moins 10 000 soldats de plus pour espérer venir à bout de ces diables de talibans qui sont maintenant mieux équipés, mieux entraînés et de mieux en mieux acceptés par la population civile. Ne dites plus Afghanistan, mais Irakistan.

À la fin du XIXe siècle, les talibans – oui, les Britanniques appelaient leurs ennemis au turban noir des « talibs » – coupaient la gorge aux soldats britanniques faits prisonniers. Cette funeste tradition se perpétue aujourd’hui – et nous nous en étonnons ! Deux soldats américains capturés après l’attaque de leur base, le 13 juillet, ont été exécutés par leurs ravisseurs. De même, sur les dix soldats français abattus le 18 août, quatre l’ont été après s’être rendus. Leur interprète avait apparemment disparu peu avant le début de leur mission – pas besoin d’en dire plus -, et deux hélicoptères français qui auraient pu les sauver étaient trop occupés à protéger l’impuissant président Hamid Karzaï pour se porter à leur secours. Comme l’a déclaré sans ambages un soldat français : « Les talibans sont de bons soldats, mais des ennemis impitoyables. »

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Nous autres Britanniques – assumons franchement le rôle que nous jouons dans la malheureuse coalition réunie par l’Otan en Afghanistan – avons massacré plus de 500 civils afghans cette année. En juillet, l’un de nos missiles a tué 47 invités d’une noce dans le village de Deh Bala.
Barack Obama et John McCain pensent vraiment que leur pays va l’emporter en Afghanistan – avant, je suppose, de renvoyer leurs soldats en Irak quand le gouvernement de Bagdad s’effondrera. Ce que les Britanniques n’ont pas pu faire au XIXe siècle et ce que les Russes n’ont pas pu faire à la fin du XXe siècle, nous allons l’accomplir au début du XXIe, en impliquant dans notre guerre, pour faire bonne mesure, le Pakistan nucléaire. Une folie de plus.

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