L’ultime coup de folie de Kéba Diop

Publié le 5 octobre 2008 Lecture : 1 minute.

Il est 10 heures du matin, ce 29 septembre. Dakar est animé, la circulation dense. Devant les grilles du palais présidentiel, un homme frêle d’une quarantaine d’années va et vient sous le regard indifférent des gardes en faction et des agents de la circulation. Soudain, il sort une petite bouteille de sa poche. D’une main, il en verse le contenu sur sa tête. De l’autre, il actionne un briquet. Ses vêtements s’enflamment aussitôt. L’homme s’écroule. « Je ne comprends toujours pas pourquoi personne ne l’a intercepté avant le drame », commente l’automobiliste qui a étouffé les flammes à l’aide d’un extincteur. Rapidement transporté à l’hôpital principal de Dakar, à 200 mètres de là, Kéba Diop décédera avant l’aube.
Décrit par sa famille comme « travailleur et attentionné », le malheureux vivait à Bignona, en Casamance, avec deux de ses épouses et quelques-uns de ses huit enfants. Depuis plus d’un an, il demandait audience au président Wade afin de faire part de ses soucis financiers. Pour 100 000 F CFA par mois, Kéba Diop louait en effet à la fédération de Bignona du Parti démocratique sénégalais (PDS) une ancienne salle de cinéma lui appartenant. Or ladite fédération accumulait, semble-t-il, les retards de paiement du loyer.
En novembre 2007, Diop avait parcouru à pied les 400 km séparant Ziguinchor, la principale ville du Sud, de Dakar avec une pancarte proclamant : « Je veux rencontrer le président ! » En juin, il avait fait une première tentative de suicide aux barbituriques. Selon Mamadou Lamine Keïta, ministre de la Jeunesse et porte-parole de la fédération de Bignona, Diop avait déjà reçu 500 000 F CFA pour apurer les loyers en retard. De son côté, la présidence assure avoir versé 10 millions de F CFA pour « aider ce militant ».
Ce n’est pas le premier drame de ce genre. En décembre 2007, à Rome, la jeune Penda Kébé s’était immolée par le feu dans l’espoir de rencontrer le président Wade, de passage en Italie. À Dakar, certains veulent y voir le symptôme d’un « mal-être généralisé »

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