Le combat des « veep » tourne court

Publié le 5 octobre 2008 Lecture : 2 minutes.

En s’asseyant devant leur poste de télévision, ce 2 octobre, les téléspectateurs américains flairaient l’odeur du sang. Comme avant un match de boxe. L’affiche du combat – pardon, du débat – entre les deux prétendants à la vice-présidence des États-Unis – les « veep », comme on dit ici – était en effet alléchante. À ma gauche, Joe Robinette Biden, sénateur démocrate du Delaware, prompt à se laisser emporter par son goût pour les mots À ma droite, Sarah Palin, gouverneure républicaine de l’Alaska, abonnée aux gaffes et aux propos approximatifs
C’est d’elle qu’on attendait le plus. Protégée des « esprits sorciers » par la bénédiction d’un pasteur kényan, convaincue que la proximité de l’Alaska et de la Russie lui confère une expertise en politique internationale et persuadée que l’activité humaine n’est en rien responsable du réchauffement climatique, la « madame Tout-le-Monde » au franc-parler aurait pu se laisser emporter dans une de ses diatribes sans queue ni tête qui, ces derniers temps, font la joie des humoristes – et le bonheur de ses adversaires. Le madré Joe Biden, entré au Sénat alors que Barack Obama avait tout juste 11 ans, n’en aurait alors fait qu’une bouchée quitte à paraître condescendant, voire un rien misogyne.
Déception. Pas d’escarmouche majeure, pas de dérapage incontrôlé. Très encadré, très préparé, ne laissant guère de place aux échanges directs, le combat de quatre-vingt-dix minutes entre le charmeur au sourire étincelant et l’ancienne prétendante à la couronne de Miss Alaska est resté très sobre – à l’exception d’un nom écorché et d’un petit clin d’il entendu adressé à la caméra par une Sarah Palin guillerette.
Les deux coqs ont récité une leçon bien apprise, reprenant les principaux arguments de campagne d’Obama et de McCain sur l’économie, l’énergie, le changement climatique, l’Irak et le Moyen-Orient. La républicaine s’est attaquée à la « naïveté » supposée d’Obama et aux contradictions passées de Biden, tandis que le démocrate fustigeait le bilan de George W. Bush et l’incompétence de McCain en économie, à l’heure de la crise financière. Bilan provisoire d’un duel décevant : léger avantage au vieux routier sur la chasseuse d’élan, qui s’en tire néanmoins mieux que prévu.

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