Lancement en catimini pour Africom

Publié le 5 octobre 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est sans tambour ni trompette qu’a été officiellement lancé le commandement militaire américain pour l’Afrique, Africa Command (ou « Africom »), lors d’une cérémonie en petit comité au Pentagone, le 1er octobre. Au cours de la gestation de la nouvelle structure, qui aura duré un an, ses promoteurs avaient certes adopté un profil bas dans l’espoir de vaincre les réticences des pays africains, mais de là à faire de son lancement un non-événement La vérité est que la campagne présidentielle américaine a totalement fait disparaître Africom des écrans radars.
Dernière décision prise par Donald Rumsfeld avant sa démission du secrétariat à la Défense, en novembre 2006, la création de la nouvelle structure avait pour ambition affichée de coordonner les multiples actions américaines sur le continent. Dans le cadre de la « guerre mondiale contre le terrorisme », l’Afrique, et notamment le Sahel, était identifiée comme un futur foyer d’instabilité. Conformément à la doctrine en vogue à l’époque, le nouveau commandement, qui se voulait le laboratoire d’une coopération inédite entre civils et militaires, était censé privilégier les actions « préventives ».
L’opération n’a pas suscité l’enthousiasme des Africains – c’est un euphémisme -, si l’on excepte quelques régimes très proches des États-Unis, tels le Liberia et l’Éthiopie. Au moment où le nouveau commandement cherchait un ou plusieurs pays d’accueil, des poids lourds du continent pourtant peu suspects d’antiaméricanisme primaire, comme l’Afrique du Sud, ont fait savoir qu’Africom n’était pas le bienvenu et qu’il risquait de susciter de nouveaux conflits plutôt que l’inverse. Décision a alors été prise de maintenir le commandement dans ses quartiers « provisoires » de Stuttgart et de répartir une partie de son personnel entre plusieurs ambassades sur le continent, avant d’évoquer la possibilité d’un QG situé aux États-Unis
Aujourd’hui, l’échec est patent : Africom n’a pas trouvé ses quartiers définitifs, les moyens mis à sa disposition sont encore très flous et la méfiance des Africains est loin d’avoir été surmontée. Pis, le scepticisme ambiant est largement partagé par les parlementaires américains : zone d’importance très secondaire à leurs yeux, l’Afrique vaut-elle la création d’un nouveau « machin » ? La nature hybride du commandement, qui réunit militaires et diplomates – deux univers peu enclins à coopérer -, est-elle viable ? À la mi-juillet, un rapport de la Cour des comptes fustigeait l’insuffisance des progrès réalisés par Africom dans l’intégration des activités américaines sur le continent, ainsi que la revue à la baisse de la composante civile du commandement. Ce n’était pas le coup de grâce, mais ça y ressemblait.
Face à tant d’obstacles, la mission confiée au général William « Kip » Ward, patron d’Africom, devenait quasi impossible. Il reviendra à la prochaine administration de décider du sort du nouveau commandement, qui ne disparaîtra probablement pas, mais pourrait devenir soit un laboratoire pour l’armée américaine, soit un commandement militaire de moindre importance.

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