Jours de crise

Publié le 5 octobre 2008 Lecture : 2 minutes.

J’avais un professeur d’économie qui nous disait qu’au fond il y a quatre types de business. Les business low risk/low return (ceux de la plupart des gens), les low risk/high return (qui n’existent que dans les rêves, ou alors quand on est star de cinéma), les high risk/low return (pour les imbéciles) et enfin les high risk/high return. Notre ami évoquait alors l’exemple des activités criminelles et de la drogue
On pourrait aujourd’hui y ajouter la finance. Pendant plus de vingt ans, les banques d’investissement, les banques traditionnelles, les assureurs ont fait des milliards de dollars de bénéfices sur des produits de plus en plus sophistiqués (des « options », des « futurs ») et de plus en plus risqués. Le tout avec des milliards de bonus, des jets privés, des hôtels de luxe, le rêve d’une économie purement électronique, « futuresque » et intelligente, déconnectée des contraintes du monde.
C’est ce délire qui est balayé par la crise financière. « Out » les bénéfices virtuels. Bienvenue dans la réalité, avec des pertes en centaines de centaines de milliards de dollars. Avec une contraction géante du crédit pour conséquence. Avec une récession plus que probable à la clé. Des milliers d’entreprises menacées dans le monde, dans le Nord comme dans le Sud
Le business des banques d’investissement, emblématique des années 1980 et 1990, est durablement plombé. Wall Street va perdre une grande partie de son influence. New York et Londres vont souffrir : davantage de chômage, moins d’impôts, moins de consommation Si l’on échappe à la récession globale, l’intérêt va vite revenir vers l’économie réelle. Vers des valeurs sûres, à la fois traditionnelles et modernes. Le prix de la terre arable va s’envoler. Les projets liés à l’écologie, au climat, au réchauffement climatique vont prendre de l’ampleur.
En pleine turbulence, l’État, lui, a prouvé sa valeur moderne. La mondialisation et la globalisation ne l’ont pas tué, bien au contraire. C’est l’État qui vient à la rescousse des banques, c’est l’État qui va payer la facture du désastre. C’est l’État honni par le grand capitalisme international qui va lui permettre paradoxalement de survivre. Et, dans l’avenir globalisé et compétitif qui nous attend, les pays avec les États les mieux gérés, les plus efficaces, les plus légitimes et les plus réactifs auront une grande marge d’avance sur les autres.
Cette tempête pose aussi une vraie grande question, qui dominera les débats pour les années à venir : celle de la gouvernance mondiale d’une économie globalisée. Une crise américaine touche l’Europe, mais elle touche le monde entier. Et le monde entier a changé. Les « autres », les sous-développés d’hier, ne sont plus des quantités négligeables. L’économie, c’est aussi la Chine (quatrième PIB de la planète), le Brésil, l’Indonésie, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud ou l’Inde, des pays qui n’ont aucune voix au fameux G8. La sécurité collective, indispensable à l’économie mondialisée, c’est l’ONU avec un Conseil de sécurité verrouillé par les gagnants d’une guerre qui s’est achevée en 1945
Les crises sont là aussi pour nous montrer qu’un système est en train de mourir et que quelque chose de nouveau est en train de naître.

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