Jean-Pierre Versini-Campinchi

Avocat de Jean-Christophe Mitterrand

Publié le 5 octobre 2008 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Jean-Christophe Mitterrand était-il au courant, comme l’affirme le juge Courroye, que Pierre Falcone projetait de vendre des armes à l’Angola ?
Jean-Pierre Versini-Campinchi : Certainement pas. En mai 1993, il rencontre le socialiste Jean-Bernard Curial par hasard, dans la rue. Celui-ci lui transmet la demande d’aide officieuse de l’Angola à la France. Mon client lui dit alors qu’il peut le mettre en contact « avec quelqu’un qui pourrait passer l’information au gouvernement en place ». Il s’agit de Pierre Falcone, qui a ses entrées au ministère de l’Intérieur. C’est tout ! Il ne savait pas que Falcone allait vendre des armes au cours d’opérations qui, du reste, étaient parfaitement licites En revanche, ce que je sais – et je peux le prouver – c’est que la France a vendu des armes à l’Unita, malgré l’embargo de l’ONU et ça va faire l’effet d’une bombe au tribunal !

Pourtant, même si la complicité de vente illicite d’armes n’était pas prouvée, il reste encore le chef de recel d’abus de biens sociaux
Mon client a touché environ 12 millions de francs de la part de Falcone. Pour des conseils, en disant par exemple que l’Angola était un pays d’avenir et que dos Santos – contrairement à tous les pronostics – gagnerait les élections de 1992, ce qui s’est révélé exact. Alors oui, il a perçu de l’argent de Falcone, qui, soit dit en passant, essayait surtout de se constituer une cour d’obligés autour de lui. Ce n’est pas très moral, c’est vrai, mais ce n’est pas un délit pénal ! D’autant que l’argent ne venait pas directement de Brenco [la société de Falcone mise en cause, NDLR], mais d’autres sociétés ou comptes de Falcone. Jean-Christophe Mitterrand ne pouvait pas avoir conscience du délit de recel, surtout pour un abus de biens sociaux qui n’existe que dans l’imagination du juge d’instruction.

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Vous niez donc totalement les faits qui sont reprochés à votre client ?
Bien sûr ! En février 2002, nous avons déposé une demande de non-lieu que Philippe Courroye a rejetée sans sourciller. Plus de six ans après, nous allons la redéposer. Pour qu’il y ait complicité de vente illicite d’armes, il faut une action positive : aide, assistance, fourniture de moyens. Il ne peut y avoir de complicité par abstention ! Lorsqu’on poursuit pendant huit ans, jusqu’à le mettre en détention, le fils d’un président de la République et qu’au final il n’y a pas de condamnation, qui a l’air idiot ? En réalité, ce dossier peut exploser pour « nullité » : il y a tellement de vices de procédure que nous demandons d’entrée de jeu l’annulation de l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. Reconnaissons aussi qu’il peut déboucher sur une condamnation.

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