Ahmed Toufiq
Ministre marocain des Habous et des Affaires islamiques
Jeune Afrique : Dans son discours, Mohammed VI a invité les oulémas à « apporter leur concours à la sécurité spirituelle ». Qu’attendez-vous d’eux précisément ?
Ahmed Toufiq : Les oulémas, leur Conseil supérieur et les conseils locaux qui en dépendent ne font que renouer, dans un cadre juridique actualisé, avec leur mashyakha (magistère) historique, la loi qui fonde ces institutions et leur assigne de larges missions dans l’encadrement religieux de la population. La désignation des imams est tributaire de leur tazkia (autorisation d’exercer). Ces oulémas répondent aux exigences de la baya vis-à-vis du roi, Commandeur des croyants. Leur credo a été exprimé de manière solennelle à deux reprises : quand ils ont accepté les innovations du code de la famille (moudawana) et à travers leur réponse à la question légale (fatwa) que le roi leur a adressée à propos de la notion de « l’intérêt public en islam ». Dans les deux cas, ils ont considéré que leurs avis légaux sont susceptibles d’être modifiés par « une parole ultime » du souverain, en vue de sauvegarder l’intérêt supérieur de la nation. Sur cette base, le discours royal du 27 septembre rappelle aux oulémas le pacte coranique, qui est en même temps un pacte entre le Commandeur des croyants et les oulémas, enjoignant à ces derniers de prodiguer conseils et guidance à la Oumma à travers les imams dans le but de protéger la religion de toute mauvaise interprétation ou déformation.
Il a été question dans le même discours de « rationalisation du Waqf ». De quoi s’agit-il ?
La rationalisation du Waqf (fondations pieuses) sera assurée par la promulgation imminente d’un nouveau code qui actualise les procédés de gestion et d’investissement, tout en créant un audit de contrôle et une comptabilité transparente. Grâce à cette rationalisation, on pourra contribuer au financement de la réforme générale du champ religieux.
Peut-on parler d’un « islam marocain » et en quoi consiste sa singularité ?
L’islam est le même partout, mais la raison, qui a joué un rôle dès les débuts de cette religion, a consacré l’acceptation de la différence et toléré la diversité dans les détails, parfois très importants. La spécificité exaltée dans le discours royal concerne l’attachement aux fondamentaux qui ont permis au Maroc de jouir de la paix sociale et de la stabilité politique et d’apporter sa contribution à la civilisation musulmane. Il s’agit de son adhésion sans faille au monde sunnite, de son credo asharite, de son rite malékite, de son choix du soufisme orthodoxe et de l’allégeance toujours renouvelée au Commandeur des croyants.
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