Réquisitoire contre Mugabe

Publié le 5 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Au dernier sommet de l’Union africaine (UA) d’Accra, au Ghana, début juillet, Robert Mugabe a été, comme d’habitude, accueilli avec joie par ses pairs africains. Il s’est même prononcé sur les avantages de l’unité africaine. Ce n’est pas tout. L’UA insiste sur la présence du président zimbabwéen au prochain sommet avec l’Union européenne (UE), en décembre, au Portugal. Les Portugais, qui ont pris la présidence rotative de l’UE le 1er juillet, ont fait de l’amélioration des relations avec l’Afrique l’une des priorités de leur mandat de six mois. Ils disent qu’ils auraient préféré ne pas avoir Mugabe au sommet – il lui est interdit de voyager dans l’UE -, mais ce serait pire de ne pas avoir de sommet du tout.

Il est honteux que les dirigeants africains continuent non seulement de protéger mais de faire ainsi la promotion de Mugabe. Cela fait perdre, en outre, toute crédibilité au noble discours sur les droits de l’homme et la bonne gouvernance dont l’UA parle sans arrêt depuis sa naissance, il y a cinq ans. Au lieu de cela, elle commence à ressembler de plus en plus à son ancêtre discréditée et nullement regrettée, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), un club de protection mutuelle de chefs d’État douteux. Les dirigeants du continent devraient dès maintenant se rendre suffisamment compte que l’éternelle rengaine de Mugabe sur la solidarité africaine contre l’impérialisme n’est qu’un écran de fumée.
Chaque semaine apporte de tristes nouvelles sur l’appauvrissement et la dégradation d’un pays qui devrait être parmi les plus prospères d’Afrique. Le taux d’inflation officiel au Zimbabwe est actuellement de 3 700 %. Officieusement, il est à un niveau beaucoup plus élevé. La seule réponse du gouvernement a été d’essayer d’imposer par la force un gel des prix, qui lui a servi de prétexte pour arrêter 194 personnes. Les magasins ont été fermés, pendant que les usines stoppaient leur production pour ne pas continuer à travailler à perte.

la suite après cette publicité

Bien que l’Occident se prépare à remettre le Zimbabwe sur les rails une fois Mugabe parti, ce sont les Africains, en particulier ceux d’Afrique australe, qui doivent exercer la pression nécessaire pour se débarrasser rapidement de lui. Les Portugais ont encore la possibilité de provoquer une onde de choc dont l’UA a grandement besoin : refuser que Mugabe se rende à Lisbonne. Cela forcera les dirigeants africains à revoir leurs priorités. Tant pis si ça peut empêcher la tenue du sommet : une attitude ferme contribuera à envoyer un message fort de solidarité à tous ceux qui, au Zimbabwe, ont hâte d’échapper à leur triste sort. Accueillir leur bourreau à Lisbonne pour un jamboree serait un déshonneur.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires