Régler les problèmes de voisinage

Publié le 5 août 2007 Lecture : 3 minutes.

Pays continent quatre-vingts fois plus grand que la Belgique, la République démocratique du Congo (RDC) partage ses frontières avec neuf pays (Soudan, Ouganda, Rwanda, Burundi, Tanzanie, Zambie, Angola, Congo-Brazza et République centrafricaine). Un voisinage qui n’est pas sans provoquer quelques incidents. Depuis la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), qui a impliqué directement des troupes rwandaises, ougandaises, angolaises et zimbabwéennes, les frontières continuent d’être le théâtre d’affrontements armés. Telle une embarcation qui prend l’eau de toutes parts, la RDC n’a jamais connu de réel répit avec ses voisins.
La Zambie, qui, jusqu’à ce jour, ne s’était jamais distinguée comme une puissance belliqueuse dans la région, revendique depuis 2004 le village de Kapingo, dans la province du Katanga. Située à cheval sur la frontière, de part et d’autre du lac Mwelu wa Ntshipa, ce bout de territoire constitue un cauchemar stratégique pour Lusaka, qu’on peut difficilement soupçonner d’appétits miniers, contrairement aux autres voisins de la RDC. La botte du Katanga – un angle de terre qui s’enfonce profondément en territoire zambien – oblige les infrastructures zambiennes à des détours onéreux.

Paralysé par le système mis en place pendant la transition, le régime de Kinshasa n’a d’abord pas réagi à « l’occupation zambienne ». Il a fallu attendre l’issue de l’élection présidentielle, et le premier trimestre 2007, pour que les deux pays tentent timidement de trouver une issue au contentieux frontalier. Mais, en mars dernier, l’affaire a pris une nouvelle tournure. Le nouveau gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, a fait saisir 400 camions de minerais bruts destinés à l’exportation alors qu’ils s’apprêtaient à passer en Zambie. Parallèlement, Kinshasa a ordonné la fermeture de trois postes-frontières. Le 28 juin, les deux chefs d’État, Joseph Kabila et Levy Mwanawasa, se sont rencontrés afin de trouver une solution à la crise. Alors que l’interminable face-à-face entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et l’armée zambienne menaçait à tout moment de dégénérer en affrontement, la concertation a permis d’éviter une escalade de violence dans la région

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Dans le sud-ouest du pays, la présence de soldats angolais dans plusieurs villages congolais, notamment à Kahemba, dans le Bandundu, fait les gros titres de la presse. Laquelle reproche à Joseph Kabila son peu d’empressement à défendre l’intégrité territoriale du pays. Mais la querelle semble, cette fois-ci, plutôt favorable aux Angolais. Selon un député congolais qui a travaillé sur le sujet, « la borne 21 qui sépare la RDC de l’Angola n’a jamais été située ». Depuis l’indépendance de l’Angola en 1975, l’Unita de Jonas Savimbi contrôlait cette zone. Alliée de Mobutu, commerce du diamant oblige, l’Unita a laissé les populations congolaises s’installer en territoire angolais. À la mort du célèbre chef rebelle, le régime de Luanda a souhaité délimiter ?son territoire. Ayant retrouvé la borne frontalière en plein milieu du village congolais de Kahemba, il a tout simplement planté l’étendard national, sûr de son bon droit.
Mais la zone qui suscite le plus de conflits est sans conteste le triangle Ouganda-Rwanda-RDC. Ce no man’s land aux frontières artificielles, qui s’étend sur la Province orientale et les deux Kivus, dépourvu d’infrastructures, difficile d’accès, a été le point de départ des deux guerres qu’a connues le pays. Attaques transfrontalières de bandes de pilleurs, contrebande, vols de véhicules, trafic de drogue, circulation des armes de petit calibre La violence y sévit de manière endémique. Des batailles opposent régulièrement éleveurs et agriculteurs pour le contrôle des terres, les ressources minières (or, coltan, etc.) suscitent les convoitises des trafiquants, et les armées régulières des pays des Grands Lacs y combattent les groupes rebelles qui y pullulent. Ici, chaque mouvement d’une des parties est considéré comme suspect. Et entraîne une réaction immédiate de l’autre

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