Quand le Maroc décollera

Publié le 5 août 2007 Lecture : 3 minutes.

A l’instar de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de Dubaï, le Maroc ambitionne de devenir un rendez-vous mondial incontournable en matière d’aviation civile et militaire. Du 24 au 27 octobre, il organisera à Marrakech le 1er Salon international des industries et services aéronautiques, l’Aéroexpo. Plus d’une soixantaine d’exposants, sur la centaine attendue, ont déjà confirmé leur venue, parmi lesquels des mastodontes comme l’américain Boeing, l’européen EADS (maison mère d’Airbus), les françaises Safran, Dassault et Thales (électronique embarquée) ou encore Africair, qui représente en Afrique les firmes américaines Cessna et Bell (constructeurs de petits avions et d’hélicoptères). Une dizaine de démonstrations en vol sont prévues.
Aéroexpo 2007 a pour mission de faire découvrir le Maroc aux professionnels européens désireux de délocaliser certaines de leurs activités. On sait que l’accueil des délocalisations est l’une des stratégies retenues par les autorités du royaume pour dynamiser l’économie nationale jusqu’en 2015. Production de composants électroniques et de pièces mécaniques, câblage, connectique, maintenance : le Groupement des industriels marocains aéronautique et spatial (Gimas) veut devenir une référence dans ces différents secteurs, de manière à imposer, à terme, l’aéroport Mohammed-V de Casablanca comme un hub du trafic aérien continental. Le Maroc dispose pour cela de plusieurs atouts, dont le moindre n’est pas l’usage largement répandu de la langue française.
« Le Fonds Hassan-II pour le développement économique et social a été élargi aux industries aéronautiques, qui bénéficient, en outre, de l’ouverture de nombreuses zones franches », précise Olivier Gorge, délégué général adjoint du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas). « L’accord de libre-échange conclu avec les pays de l’Alena [Accord de libre-échange nord-américain, NDLR] facilite le travail des groupes qui ont des clients ou des fournisseurs aux États-Unis et au Mexique », ajoute Guillaume Jaubert, chargé des affaires internationales au sein de cette puissante fédération d’investisseurs. Enfin, la proximité géographique de l’Europe (l’Aéropôle de Nouaceur est installé dans l’enceinte de l’aéroport Mohammed-V et la Tanger Free Zone n’est qu’à une vingtaine de kilomètres du port espagnol d’Algésiras) limite les ruptures de charge.
Reste plusieurs défis à relever, comme la concurrence de la Tunisie, le déficit de techniciens intermédiaires et la rareté des usines spécialisées dans le traitement de surface des pièces aéronautiques. Mais les organisateurs d’Aéroexpo ne s’en inquiètent pas outre mesure : depuis 1999, une bonne quarantaine d’entreprises européennes du secteur se sont déjà implantées dans le royaume. Elles emploient environ cinq mille salariés et ont, en 2006, réalisé un chiffre d’affaires de 3 milliards de DH (268 millions d’euros), compte non tenu des investissements (1,5 milliard de DH en cinq ans).
Côté formation, le gouvernement n’entend pas ménager ses efforts. Après concertation avec la profession, un Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) devrait prochainement voir le jour. Il viendra compléter l’Académie internationale Mohammed-VI de l’aviation civile, qui a ouvert ses portes en 2000 et propose cinq spécialisations.
« Tous les éléments sont réunis pour que le secteur décolle, s’enthousiasme Frédéric le Hénaff, l’un des organisateurs d’Aéroexpo. Le dollar est bas, les entreprises européennes doivent délocaliser pour rester compétitives et nous avons le soutien du Gifas français. » Olivier Gorge confirme, sans être aussi catégorique : « Le Maroc a la chance d’avoir les faveurs de quelques grands groupes français comme Safran. De notre côté, nous avons rencontré le Premier ministre à plusieurs reprises »
Quoi qu’il en soit, le royaume bénéficie d’une conjoncture mondiale très favorable. Les prévisionnistes tablent sur une croissance de 5 % par an, en moyenne, du nombre des passagers. De leur côté, Airbus et Boeing espèrent enregistrer quelque 18 000 commandes au cours des vingt prochaines années. De quoi, sans doute, justifier l’optimisme marocain.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires