« Coolitude » Mogador

Publié le 5 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Inscrite depuis 2001 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, Essaouira, l’antique Mogador, petite cité portuaire marocaine fortifiée de la fin du XVIIIe siècle, a été conçue par Théodore Cornut, un architecte français élève de Vauban. Face à l’océan Atlantique balayé par une nuée de mouettes dessinant de folles arabesques, elle se détache de l’azur avec ses traditionnelles maisons blanches aux volets bleus. Aux abords du coeur historique de la médina, d’élégantes villas Arts déco construites dans les années 1930 redessinent la baie. Longtemps plongés dans une douce torpeur, Essaouira et ses 70 000 habitants commencent à s’en extraire depuis quelques années, allant même jusqu’à opérer une étonnante métamorphose.

Jadis connue surtout comme tant un haut lieu de rencontre pour windsurfers et kitesurfers, la cité des alizés – du nom du vent puissant qui rend son climat si particulier – connaît en effet un essor remarquable. Avec seulement une petite dizaine d’hôtels et de riads aménagés en maisons d’hôtes en 1998, la ville compte aujourd’hui près de 200 établissements pour accueillir un nombre croissant de visiteurs. Car Essaouira veut devenir une station balnéaire de premier ordre. La succession de chantiers et l’alignement de grues le long de la baie témoignent de l’ambitieux programme immobilier en cours de réalisation. Ce développement est accéléré par l’arrivée de chaînes hôtelières comme Accor ou Atlas Hospitality (filiale du groupe Royal Air Maroc), qui, avec leurs 5 étoiles et instituts de thalassothérapie, font de l’ombre à l’Hôtel des Iles. Celui-ci, célèbre pour avoir hébergé Orson Welles lors du tournage d’Othello, est un bel édifice de style mauresque édifié en 1948, hélas un peu défraîchi et qui a perdu de son lustre colonial d’antan.

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A l’instar de Katmandou, l’ex-Mogador a aussi connu sa période hippie avec l’arrivée dans les années 1970 des Européens et Américains de la Beat Generation – artistes, musiciens (Cat Stevens, Led Zeppelin, Jimi Hendrix…) et jeunes idéalistes en quête de paradis artificiels. L’effervescence culturelle était si grande à cette époque qu’est né un mouvement pictural, l’Ecole d’Essaouira, tendance art naïf et couleurs vives. L’art souiri, profondment influencé par les dessins psychédéliques des trips aux LSD, est indéniablement très Flower Power. Dans les souks, le long des remparts de la Sqala, bazaristes et artisans rivalisent d’inventivité et de créativité pour séduire le visiteur. Au hasard des ruelles et des échoppes, on s’arrête, intrigués par des statuettes sculptées sur du bois de thuya (une essence parfume typique de la région) l’effigie de… Tintin et Milou, ou les miniatures de la mythique guitare de Jimi Hendrix. On croise des passants au look baba cool. On écoute, amussé, les marchands qui vantent les vertus de leur étonnante pharmacopée ; on se penche sur les étiquettes des bocaux remplis d’herbes, de fleurs ou d’épices. Petit florilège d’un humour d’apothicaire teint de poésie : mimosa séché antistress, pierre d’alun after-shave, aphrodisiaque pour femmes (gingembre), Viagra turbo (ginseng), décoction pour maigrir, préparation contre la chute de cheveux, poudre pour faire grimper mémé au lustre…

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