Au revoir sans merci…

Publié le 5 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

C’est le ministre de la Défense, Shaul Mofaz, qui a fini par avoir sa peau : le 1er juin, Ariel Sharon a mis fin aux fonctions du chef d’état-major de l’armée israélienne, Moshe Yaalon, un ancien parachutiste de 54 ans, militaire brillant et râleur impénitent. Un départ certes programmé mais non souhaité par l’intéressé, qui aurait préféré « finir en beauté » en contrôlant jusqu’au bout l’opération de retrait israélien du Goush Katif, à Gaza, qu’il a minutieusement préparée du point de vue militaire – après avoir obéi sans enthousiasme à cette décision « pénible mais nécessaire », puis contesté ses modalités « sur le plan technique ».
On savait Yaalon confiant sur les capacités offensives de l’armée israélienne, qui, sous son commandement, a réussi à juguler la seconde Intifada. Ses dernières déclarations sous l’uniforme confirment cette opinion, dont il tire des conclusions politiquement très « incorrectes » : Tsahal est maintenant assez forte pour s’accommoder de concessions territoriales aussi spectaculaires qu’un éventuel retrait du Golan (hurlements au Likoud…) et pour se conformer plus strictement aux fondements éthiques de la société (« J’ai vu des unités sur une pente glissante » : protestations des officiers concernés).
En revanche, le lieutenant-général reste pour le moins sceptique quant aux chances de la paix dans un avenir proche. Lors des accords israélo-palestiniens d’Oslo, en 1993, puis à Camp David, il avait déjà fait part de ses doutes. Aujourd’hui, Yaalon annonce de terribles journées de violence après l’évacuation, qu’il juge désormais inéluctable, des colonies israéliennes à Gaza. D’abord, parce que Mahmoud Abbas, tout bien élu qu’il soit, manque encore de poigne : il ne tient pas ses troupes en main, pour autant qu’on puisse ainsi qualifier les « bandes armées » qui se disputent le terrain en Palestine. Ensuite, parce que le Hamas est entré dans le jeu politique, ce qui le renforce tout en rendant son éradication impossible. Enfin, parce que le gouvernement d’Ariel Sharon n’y met pas vraiment « du sien » : s’il voulait consolider le pouvoir d’Abou Mazen, il se montrerait plus accommodant concernant toutes les concessions à l’Autorité palestinienne qui ne font courir aucun risque aux Israéliens du point de vue – crucial, aux yeux de ce militaire – de leur sécurité. Comme, par exemple, les libérations de prisonniers vis-à-vis desquelles le Premier ministre se montre trop chiche.

Mais la clé d’une pacification véritable est ailleurs, et sans doute, selon Yaalon, hors de portée des Israéliens pour de longues années encore : c’est à une « métamorphose des valeurs » au Moyen-Orient qu’on devra la fin du conflit. Et, de ce point de vue, quels que soient – pour l’ancien chef d’état-major – l’effet positif du renversement de Saddam Hussein et la volonté de George W. Bush d’aider ce processus, ils sont encore loin d’être au bout de leurs peines.

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