Tzipi Livni, la « tueuse blonde »

Publié le 5 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Du fond des limbes comateux où il se bat contre la mort, Ariel Sharon doit être fier d’elle. Elle : Tzipi Livni, 48 ans, ministre des Affaires étrangères depuis un peu plus de deux mois et numéro deux de Kadima, le parti « centriste » que dirige désormais le Premier ministre par intérim Ehoud Olmert. Avant d’entamer, le 1er mars, une tournée européenne, cette ancienne avocate du Mossad issue d’une famille ultranationaliste a tenu à mettre les choses au point au cours d’une interview accordée le 26 février à la radio israélienne. Depuis la victoire électorale du Hamas, l’Autorité palestinienne est devenue une « entité terroriste ». Tant que ce mouvement n’aura pas reconnu Israël et renoncé officiellement à la violence en d’autres termes, tant qu’il ne se sera pas, de facto, autodissous -, aucune aide et aucune assistance autre que strictement humanitaire, via l’ONU et les ONG, ne devront lui être accordées. Ce message que Tzipi Livni destine aux Européens n’est certes pas nouveau, puisqu’il reprend presque mot pour mot celui que la secrétaire d’État Condoleezza Rice a elle-même délivré – avec un succès pour le moins mitigé – lors de sa récente tournée moyen-orientale (voir J.A. n° 2355). Ce qui l’est en revanche, c’est la défiance ouvertement affichée par Livni à l’encontre du président de l’Autorité, Mahmoud Abbas : il ne sert à rien de poursuivre les contacts avec lui et de le ménager, a dit en substance la ministre, « il est devenu inutile ».
En pleine campagne électorale, les propos de Livni ont d’autant plus gêné ses partenaires de Kadima qu’ils sont à première vue contradictoires avec la position américaine de soutien au même Mahmoud Abbas. Shimon Pérès s’en est offusqué, et Ehoud Olmert a dû les désavouer. Ce qui n’a pas empêché la « tueuse blonde » de la diplomatie israélienne de les réitérer – ou presque – dans un entretien au Figaro du 1er mars. « Mahmoud Abbas veut servir de feuille de vigne au Hamas. [] Il n’a plus de pouvoir, il n’a ni les moyens ni la volonté de s’opposer au Hamas », a-t-elle expliqué. Après avoir, à la radio, qualifié Abou Mazen de « face présentable du terrorisme hideux », elle en fait désormais le cache-sexe. Si faux pas il y a eu de la part de l’héritière spirituelle d’Ariel Sharon, gageons donc qu’il était calculé – et sans nul doute partagé.

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