Taxe de riche

Publié le 5 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

A défaut de tenir leurs promesses de verser 0,7 % de leur produit intérieur brut aux pays en développement, les pays riches se lancent dans les « financements innovants ». Toujours prompt à humer l’air du temps, Jacques Chirac a lancé une taxe sur les billets d’avion annoncée pour juillet (entre 1 euro et 40 euros par billet). 200 millions d’euros seront ainsi collectés chaque année.
« C’est un mécanisme simple et neutre d’un point de vue économique », a estimé le président français lors de l’ouverture d’une conférence internationale, le 28 février à l’Élysée. Auteur d’un rapport sur la question, Jean Pierre Landau juge les « progrès considérables et le processus irréversible ». De fait, à l’issue de la conférence, onze pays se sont engagés à suivre l’exemple de la France, à brève échéance : Brésil, Chili, Chypre, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Jordanie, Luxembourg, Madagascar, Maurice, Nicaragua et Norvège.
Les sommes récoltées seront consacrées à l’achat de médicaments pour lutter contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Plus de 40 millions de personnes sont infectées par le VIH à travers le monde. Sur les malades déclarés, 1,2 million seulement ont accès à un traitement. L’Onusida estime les besoins à 15 milliards d’euros par an. On reste donc loin du compte avec la « taxe Chirac ». « C’est vrai, mais elle apporte des financements prévisibles et durables, qui permettront de regrouper les achats et d’obtenir de meilleurs prix auprès des laboratoires pharmaceutiques », estime Michel Kazatchkine, l’ambassadeur de France chargé de la lutte contre les maladies transmissibles.
L’argument est loin de convaincre tout le monde. Les États-Unis, en particulier, rejettent toute idée de fiscalité internationale. Le Canada, l’Australie et l’Italie traînent les pieds, tandis que l’Inde, la Belgique et l’Allemagne s’en tiennent à une prudente expectative. Quant aux compagnies aériennes, elles poussent des cris d’orfraie ! Enfin, le Royaume-Uni, qui a parallèlement lancé un emprunt international (IFF) destiné à la vaccination dans les pays pauvres, contribuera à l’achat de médicaments, mais sans recourir à la taxe.
Faute d’accord général sur les « financements innovants », une quarantaine de pays vont poursuivre la réflexion. Prélèvement sur les transactions financières, utilisation des transferts des migrants ou loterie humanitaire, les idées ne manquent pas. Et pourquoi pas « une taxe sur les armes de guerre », comme le suggère le Congolais Denis Sassou Nguesso, le nouveau président de l’Union africaine ? Quoi qu’il en soit, ces nouvelles formes de financement doivent permettre de mobiliser davantage de ressources, mais en aucun cas entraîner une réduction de l’aide publique traditionnelle.

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