Suzanne Kala Lobé
Quoi qu’elle fasse, Suzanne Kala Lobé, 53 ans, choque par ses prises de position iconoclastes. Mais tant ses partisans que ses détracteurs lui reconnaissent une compréhension certaine de l’analyse des questions sociales. Arrivée en France à l’âge de 10 ans, la jeune femme s’engage. Certes dans ses études de linguistique africaine à l’université Paris-III, mais aussi dans la réinsertion des jeunes au sein des communes de banlieue parisienne. Influencée par les événements de Mai 68 dont elle partage les idéaux, elle fait du militantisme son moteur. Le décès de son père – l’un des fondateurs de Présence africaine – en 1991 précipite son retour au Cameroun. « Je comprenais les décalages que je découvrais, je savais qu’il y avait un espace à construire, je me sentais libre, c’était un challenge », se souvient-elle. Elle opte pour le journalisme. Son premier fait d’armes est une chronique intitulée : « Ma candidate serait une femme. » Un pavé dans la mare au moment de l’élection présidentielle de 1992, marquée par une douloureuse implantation du multipartisme. « Il faut se battre pour élargir le champ des libertés. Je n’avais pas peur de dire ce que je pensais. » Une détermination qui lui vaut de s’imposer comme l’un des meilleurs éditorialistes camerounais. « Nous sommes des chiens de garde et assurons la veille critique », se contente-t-elle de dire. Celle qui n’a jamais caché ses sympathies pour l’Union des populations du Cameroun (UPC) en a pris ses distances depuis que le parti d’opposition s’est rallié au pouvoir. Encore une preuve de sa liberté d’esprit.
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