SOS langue française

Publié le 5 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Pauvre France ! Alors que son supposé déclin économique et social n’arrête pas d’alimenter la production éditoriale (voir « La vie des livres », J.A. n° 2350), les ouvrages pointant la perte d’influence de sa langue prolifèrent également. Le plus en vue de ces livres est signé Claude Hagège. Dans Combat pour le français (éditions Odile Jacob), le célèbre linguiste s’insurge contre la mondialisation, qui, en favorisant la prééminence de l’anglais, impose aussi une uniformisation culturelle de la planète. C’est le point de vue que défendait l’an dernier Bernard Lecherbonnier dans Pourquoi veulent-ils faire mourir le français (Albin Michel), l’universitaire parisien dénonçant tout à trac les chercheurs, les hommes d’affaires, les fonctionnaires, les hommes politiques. Beaucoup moins pessimiste, Yves Montenay (La Langue française face à la mondialisation, Les Belles Lettres) relève, lui, qu’on n’a jamais autant parlé le français dans le monde, saluant au passage les Canadiens, les Libanais, les Mauriciens et tous les Africains sans lesquels, en effet, cette langue ferait aujourd’hui pâle figure. « La francophonie sans les Français », puisqu’il s’agit de cela, c’est le sous-titre de l’ouvrage d’Anna Moï, Espéranto, désespéranto, que publient le 16 mars les éditions Gallimard. L’auteur, originaire du Vietnam, y explique pourquoi, parmi les six langues qu’elle parle, c’est le français qu’elle a choisi pour écrire ses romans, malgré le peu de considération que son pays d’adoption manifeste pour les écrivains « non hexagonaux ».
Mais les Français ne sont plus vraiment maîtres de leur langue. Celle-ci s’épanouit un peu partout à travers le monde, chacun se la réappropriant avec son génie propre. C’est cette diversité que passent en revue ou exaltent Ariane Poissonnier et Gérard Sournia dans leur Atlas de la francophonie (Autrement), de même que Dominique Wolton (Demain, la francophonie, Flammarion) et Claire Tréan (La Francophonie, Le Cavalier Bleu), dont les livres sortent respectivement le 17 et le 23 mars.
Parmi les nombreuses autres publications qui paraissent à l’occasion du festival Francofffonies et à la veille du Salon du livre de Paris (17-22 mars) qui en sera le point de départ, il faut signaler la dernière livraison du Magazine littéraire (n° 451, mars 2006). L’impressionnant dossier intitulé « Défense et illustration des langues françaises » réunit les témoignages d’une vingtaine d’écrivains et les analyses des meilleurs connaisseurs. De quoi se convaincre que la langue de Molière ne se porte pas si mal que cela.

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