La Chine et la politique s’invitent à Mining Indaba

La 19e édition de la conférence Mining indaba se tient du 4 au 8 février au Cap, en Afrique du Sud. Au cœur des débats cette année, les relations entre les compagnies et les États africains, mais aussi celles avec la Chine, de plus en plus présente sur les projets miniers à travers le continent.

Ils sont quelque 7 500 cadres du secteur à arpenter les allées du centre de convention du Cap. DR

Ils sont quelque 7 500 cadres du secteur à arpenter les allées du centre de convention du Cap. DR

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 6 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Comme chaque année, les cadres de l’industrie minière ont convergé vers Le Cap, en Afrique du Sud, à l’occasion de leur traditionnelle conférence Mining indaba (réunion en zoulou). Pour cette 19e édition, qui a débuté le 4 février et se terminera le 8, ils sont quelque 7 500 cadres du secteur à arpenter les allées du centre de convention de la ville portuaire, sous le soleil de l’été austral.

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Au menu de la manifestation cette année, les relations entre les compagnies et les États producteurs et consommateurs de minerais. Car ce qui a mobilisé l’attention des responsables des groupes miniers ces derniers mois, c’est avant tout la stabilité politique et réglementaire dans les pays dans lesquels ils investissent. Une préoccupation légitime : la fin de l’année 2012 a été marquée par la crise sociale en Afrique du Sud, à la suite du massacre qui s’est produit à la mine de platine de Marikana. Depuis le début de l’année 2013, c’est le conflit au Mali, devenu un important producteur d’or, qui inquiète. Quant au Zimbabwe, riche en diamants, nickel et platine, il entre en période électorale, et son instabilité réglementaire effraie les investisseurs.

normal;Nationalisation exclue

En ce qui concerne l’Afrique du Sud, le géant minier du continent, la ministre des mines Susan Shabangu est montée au créneau pour rassurer les investisseurs : « Qu’on ne vienne plus me parler de nationalisation. L’ANC a tranché une bonne fois pour toute, cette option est exclue », a-t-elle lancé aux cadres du secteur, en les appelant à travailler avec le gouvernement pour éviter un « second Marikana », notamment en participant au plan d’amélioration du logement des travailleurs miniers. Patronne du géant minier AngloAmerican depuis 6 ans, Cynthia Carroll l’a toutefois avertie du danger des changements réglementaires drastiques : « Nous sommes une industrie en crise, vous ne pouvez pas l’ignorer. Les prix des minerais, impactés par la crise, ont baissé pour la plupart. Dans le même temps, le coût de l’énergie et les salaires ont progressé, réduisant considérablement nos marges. Pour rester compétitifs et continuer à créer des emplois, nous devons nous restructurer en profondeur », a plaidé l’Américaine, qui doit passer la main à son successeur Mark Cutifani en avril prochain.

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La Chine n’est pas une puissance néo-coloniale, elle est avant tout pragmatique.
Dambisa Moyo, économiste

La Chine décomplexée

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Autre sujet crucial pour les miniers, la stratégie chinoise en matière minière sur le continent africain. La célèbre économiste zambienne Dambisa Moyo, qui s’est fait connaître par son pamphlet « Dead aid » sur l’inefficacité de l’aide occidentale en Afrique, est montée elle aussi à la tribune de Mining Indaba. Elle y a défendu une relation « décomplexée et lucide » entre les États du continent et l’Empire du milieu. « La Chine n’est pas une puissance néo-coloniale, elle est avant tout pragmatique. Elle met en œuvre une politique d’optimisation de ses approvisionnements pour garantir le développement de son industrie. Elle le fait méthodiquement et sans agressivité », a-t-elle fait valoir. « Pour cela, elle a plus de moyens que les autres pays du globe, elle est prête à financer des projets plus risqués, moins faciles d’accès, notamment en Afrique, et souvent en échange de réalisation d’infrastructures nécessaires. Face à elle, aux États du continent de mettre les garde-fous nécessaires pour s’assurer que les populations en bénéficient, mais elle n’est pas un plus mauvais partenaire que les pays occidentaux », a-t-elle estimé.

font-variant:Rattrapage

La Chine va rattraper son retard technologique d’ici à 10 ans.
David Humphreys, analyste

« Aujourd’hui, c’est vrai, il n’y a aucun Chinois dans les 25 plus importants groupes miniers du globe. Les projets que les groupes chinois pilotent eux-mêmes en Afrique se comptent encore sur les doigts de la main », a indiqué de son côté l’analyste réputé David Humphreys. Mais d’ajouter « Ne nous y trompons pas, comme dans d’autres secteurs, la Chine va rattraper son retard technologique d’ici 10 ans », a-t-il pronostiqué.

Signe de cette montée en puissance de l’empire du milieu, la présence remarquée d’une délégation officielle venue de Pékin à Mining Indaba, alors que les Chinois étaient restés très discrets lors des deux dernières éditions. Emmenée par le vice-ministre des mines Wang Min, elle fait le tour des différents stands des compagnies présentes pour mieux connaître les projets miniers du continent et nouer des contacts.

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