Crise monétaire à l’horizon

Publié le 5 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Adversaires des politiques monétaristes, réjouissez-vous ! Une crise financière majeure se prépare, qui devrait vous apporter une brillante mais bien amère victoire. C’est une constatation d’évidence, mais sur laquelle il est politiquement correct de ne pas s’appesantir : les États-Unis sont dans une situation financière intenable à un terme proche.
Le déficit de la balance courante (biens, services, transferts) atteint 800 milliards de dollars, soit 6,5 % du PIB. Il a doublé en quatre ans. Le taux d’épargne des ménages est devenu négatif. Les déficits publics restent à des niveaux élevés (3 %-4 % du PIB). Si la machine continue à tourner, c’est grâce à l’épargne mondiale : les banques centrales étrangères détiennent en effet 2 000 milliards de dollars, dont les trois-quarts sous forme de dettes du gouvernement fédéral.
À Washington, on soutient que cette situation reflète le pouvoir d’attraction de l’économie américaine et un rapport de forces sanctionné par les marchés et par des partenaires souverains ; que les fondamentaux sont bons puisqu’il y a croissance (3 %-4 %), faible inflation (2 %-3 %) et chômage modéré (5 %), des performances à faire pâlir d’envie la vieille Europe. Pas d’activisme économique pour résoudre un problème qui ne se pose pas, surtout si le remède doit être plus dangereux que le mal. Oui, mais Continuer d’appliquer une politique strictement monétaire, c’est se fragiliser gravement devant l’inéluctable. Preuve que le monétarisme agit à contresens : alors que le dollar s’est déprécié de 15 % en moyenne en trois ans, la politique récente de la Réserve fédérale a eu pour effet de le faire remonter de 9 % par rapport à l’euro, donc de rendre le billet vert encore plus attrayant et la machine américaine encore moins compétitive.
Le déficit des paiements courants va s’accélérer mécaniquement du seul fait de son propre poids. Or, plus ce déficit est massif, plus il ajoute au stock de l’endettement extérieur, et plus il y a vulnérabilité aux hausses de taux d’intérêt. Pour un point de hausse, c’est 1 % du PIB qui s’ajouterait aux 6,5 % du déficit courant actuel. Le danger est que les créanciers voient leurs excédents diminuer, ou qu’ils diversifient leurs réserves. C’est la double direction dans laquelle s’avance la Chine, dont les avoirs officiels en dollars sont proches de 900 milliards. Pour contrer cette évolution, les États-Unis seront acculés à une hausse des taux d’intérêt et à une baisse du dollar qui risquent de s’amplifier mutuellement et de porter un sérieux coup d’arrêt à leur croissance. Optimistes et pessimistes s’échangent des scénarios dans lesquels l’ajustement est plus ou moins désordonné. Mais ajustement brutal, il y aura à coup sûr.

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