Une affaire palestinienne

Publié le 5 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Malgré la situation d’occupation et d’épuisement dans laquelle ils se trouvent, malgré le cauchemar sécuritaire qu’impose Israël, les Palestiniens ont réussi à organiser des élections quasi démocratiques. On pourra dire ce que l’on veut des résultats, mais c’est tout de même une performance rare dans le monde arabe. Dans ce vote, il y a une surprenante maturité politique et surtout l’affirmation d’une formidable volonté d’exister en tant que peuple et nation.
Je ne suis pas sûr que le Hamas voulait une si grande victoire. Ce n’est pas un parti de gouvernement. C’est un parti de lutte, à l’aise dans l’adversité et le combat. Le pouvoir place les islamistes dans une situation impossible. Ou ils s’isolent et ils échouent. Ou ils renoncent à leur credo et ils enterrent le rêve de Grande Palestine. Tant mieux. L’islamisme a besoin de se confronter aux réalités du monde. C’est la seule manière d’exposer ses insuffisances et ses échecs. D’ailleurs, je ne suis pas sûr que le Hamas gouvernera seul. La Palestine n’est peut-être pas si loin d’une « grande coalition » entre nationalistes et islamistes.

La majorité des électeurs du Hamas n’ont pas choisi la charia. Ils n’ont pas voté non plus pour une bande de terroristes assoiffés de sang. Ils ont voté contre la corruption et la déliquescence du régime précédent. Ils ont voté contre un prétendu processus de paix qui ne mène nulle part. Ils ont voté contre le mur, et pour la libération des milliers de prisonniers palestiniens. Ils ont voté pour la résistance que n’incarnaient plus les élites embourgeoisées et impuissantes du Fatah. D’ailleurs, beaucoup de chrétiens ont voté pour « le changement ». La ville de Bethléem, défigurée par le mur, encerclée par les blindés de Tsahal, a largement voté Hamas

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Israël et les États-Unis peuvent se mordre les doigts. À force de laminer l’Autorité, de l’humilier, ils ont convaincu les Palestiniens de son inutilité. Depuis cinq ans, qu’ont obtenu de concret le Fatah et les amis de Mahmoud Abbas ? Absolument rien. Même Gaza fut le produit d’une décision israélienne unilatérale
L’idée de paix pourtant n’est pas morte. En Israël, une majorité de la population est convaincue de la nécessité du partage. Les Palestiniens, eux, sont plus que prêts à une négociation finale qui les sorte de l’impasse et de la misère. Le Hamas comme d’ailleurs les colons et la droite nationaliste israélienne ne pourront pas s’opposer à ces tendances lourdes et faire la guerre pour la guerre.
Il est temps de laisser tomber la stratégie Sharon, les pseudo-petits pas et feuilles de route. Il est temps, de part et d’autre, de renoncer aux rêves irréalisables et destructeurs. Il est temps de reprendre le chemin d’un accord final. Les bases de cet accord existent. Ce sont les paramètres de Taba, ou bien encore ceux définis par le groupe de Genève. Tout est là. Nous y sommes presque. Il est temps pour les uns et les autres de faire ce fameux saut de foi (leap of faith) qui force le destin

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