Le médiateur idéal

Publié le 5 février 2006 Lecture : 1 minute.

Ex-islamiste converti en « démocrate-musulman », le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est d’autant plus enclin à inciter les leaders palestiniens du Hamas au pragmatisme que son propre virage de cuti lui a été politiquement bénéfique. Et il est d’autant plus fondé à prodiguer des conseils de modération à d’autres États musulmans qu’il a rééquilibré la politique de la Turquie à l’égard d’Israël et de la Palestine. Sans remettre en question l’amitié traditionnelle et l’alliance militaire (de 1996) avec l’État hébreu, Erdogan n’hésite pas à se servir de cet héritage diplomatique légué par ses prédécesseurs et l’armée turque pour se permettre de critiquer la politique israélienne lorsqu’elle ne lui paraît pas aller dans le sens de la paix. En avril 2004, il avait condamné les assassinats ciblés des chefs du Hamas. En mai 2005, sa visite en Israël, suivie d’entretiens avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, avait donné le ton. Désireuse de jouer un rôle central dans la région, la Turquie ne cesse de proposer sa médiation à ses amis israéliens et à ses « frères » musulmans. L’offre d’Ankara est jusque-là restée sans écho à Tel-Aviv, comme dans les pays arabes, souvent suspicieux à l’égard de l’ancienne puissance ottomane. Résultat : Erdogan mise sur le Pakistan, escomptant que la normalisation des relations entre Islamabad et Israël aura un effet d’entraînement. En septembre 2005, sous son égide, les ministres des Affaires étrangères israélien et pakistanais s’étaient rencontrés à Istanbul et avaient fait état d’une « avancée considérable ». Ce n’est donc pas un hasard si, dans cette tribune, Erdogan cite le président Pervez Musharraf, avec qui il vient de s’entretenir en marge du Forum économique de Davos, à l’appui de ses propres efforts diplomatiques.

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