Ces nababs est-africains

Nombreux sont les Indo-Pakistanais à avoir prospéré en Ouganda et au Kenya.

Ancien chauffeur de taxi à Londres, Sudhir Ruparelia est aujourd’hui première fortune d’Afrique de l’Est. DR

Ancien chauffeur de taxi à Londres, Sudhir Ruparelia est aujourd’hui première fortune d’Afrique de l’Est. DR

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 11 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Kampala, le 4 août 1972. Le dictateur Idi Amin Dada ordonne aux quelque 60 000 Indo-Pakistanais habitant en Ouganda de partir dans les quatre-vingt-dix jours, avec autorisation de n’emporter qu’une valise et 10 % de leurs avoirs bancaires. Une mesure populaire tant le racisme est fort entre les Ougandais « d’origine » et les « Asiatiques » venus des Indes britanniques pour travailler dans l’agriculture, le bâtiment, la construction du chemin de fer… Contraints à l’exil, nombre d’entre eux rejoindront le Royaume-Uni, le Canada, l’Inde ou le Kenya voisin, et environ 6 000 commerces ou entreprises seront réalloués à des nationaux. La mesure se révélera catastrophique sur les plans économique et diplomatique. Après la chute du « dernier roi d’Écosse », en 1979, la communauté indo-pakistanaise sera de nouveau acceptée, puis ouvertement invitée par le président Yoweri Museveni à investir en Ouganda. Ce qu’elle fera avec un certain succès.

Certains se sont hissés parmi les premières fortunes du continent

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Ancien conducteur de taxi à Londres où ses parents avaient fui, Sudhir Ruparelia, 57 ans, est aujourd’hui l’homme le plus riche d’Afrique de l’Est, et le 18e à l’échelle du continent, selon le magazine Forbes. Pesant environ 670 millions d’euros, il possède Crane Bank, l’entreprise d’exportation de roses Rosebud, de nombreuses propriétés, des hôtels… Mais Ruparelia n’est pas le seul Indo-Pakistanais né en Ouganda à avoir bien réussi dans les affaires : le groupe de Mayur Madhvani – dont la famille est revenue au pays en 1985 – pèse, lui, plus de 200 millions d’euros, avec des activités dans l’électricité, les assurances, le sucre, le thé, le tourisme et l’horticulture.

Ironie de l’histoire

Exception ougandaise ? Non ! Âgé de 62 ans, le Kényan Naushad Merali est lui aussi d’origine indo-pakistanaise. Selon Forbes, il est le 39e Africain le plus riche (305 millions d’euros). Il est notamment connu pour avoir, en 2004, racheté 60 % des parts du français Vivendi dans Kencell pour 169 millions d’euros, avant de les revendre une heure après à Celtel pour… 183 millions d’euros ! Enfin, ironie de l’Histoire, on notera qu’avec une fortune de près de 1 milliard d’euros, les plus riches Indo-Pakistanais du Royaume-Uni, les frères Jatania (groupe Lornamead, cosmétiques), sont originaires… d’Ouganda.

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