Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 4 décembre 2005 Lecture : 7 minutes.

Habré ne doit pas être extradé
Pour avoir défendu l’intégrité territoriale de notre patrie contre un pays envahisseur, le président Hissein Habré est entré dans les annales du Tchad et du continent africain. En essayant de faire une arithmétique macabre, on lui reproche d’avoir tué 40 000 personnes en huit ans, ce qui signifie 5000 morts par an et donc 40 morts par jour. Ce qui est faux.
Certes, il y a eu des abus de la police secrète, mais le linge sale se lave en famille.
Nous demandons pardon à tous ceux qui ont souffert de ces abus commis sous le régime du président Habré, mais nous demandons aussi une amnistie générale de la part de la communauté africaine et plus particulièrement des chefs d’États de l’Union africaine.

Avec l’aide des médias
Une fois encore, le « Ce que je crois » de Béchir Ben Yahmed (J.A.I. n° 2341) m’a beaucoup intéressé, surtout le troisième point concernant les présidents africains qui accordent l’asile politique à un collègue déchu et refusent de le livrer à la justice lorsque le besoin s’en impose. C’est le cas notamment de Hissein Habré et de Charles Taylor.
B.B.Y. a totalement raison en demandant à l’opinion africaine de se faire entendre. Mais nous avons besoin de l’aide de médias de grande envergure comme J.A.I., seuls susceptibles
d’influencer l’opinion africaine et internationale. N’oublions pas que dans le passé des
présidents ont dû abandonner leur poste grâce à la ténacité de certains journalistes
investigateurs.

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Mauritanie : dans le bon sens
Nous devons tous soutenir le combat rude que mène Ely Ould Mohamed Vall, le nouveau chef de l’État mauritanien. La majeure partie des décisions qui sont prises collégialement à Nouakchott vont dans le sens du progrès : aucun membre du Conseil militaire candidat à la présidentielle à venir, limitation du nombre de mandats. Dans un continent où le plus grand rêve de nos princes est de mourir au pouvoir, voilà une éclaircie dans le ciel africain. Soyons tout de même vigilants sur la question des Négro-Mauritaniens qui veulent recouvrer leurs droits et leurs biens. Quant à Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, je ne peux que lui conseiller une retraite paisible. Que chercher de plus après vingt et un ans de pouvoir quasi absolu ?

Rouvrir les frontières
Lors d’une visite de travail à Alger, Rodrigo de Rato, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a suggéré de réouvrir les frontières maroco-algériennes closes depuis 1994 afin de faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays. En tant
que panafricaniste convaincu, je ne peux que dire « oui » à l’intégration économique et commerciale. Elle nous conduira vers une réconciliation ipso facto. On ne peut que se réjouir de la démarche de M. de Rato.

Léopold,mon héros préféré
Je me souviens qu’aux alentours de 1885 le Blanc m’a dit qu’il était développé. J’ai alors compris que je devais contribuer au développement de son peuple grâce à mes richesses. Aujourd’hui, je cherche à devenir comme lui et, pour cela, j’ai trouvé un passage par le Maroc. Cela n’est pas facile. Pour être élu, je dois sauter des barrières au risque de me faire sauter la tête par un carabinier comme à la foire de Kinshasa.
Les Congolais ne considèrent-ils pas les Belges comme leurs oncles ? Dans la tradition africaine, la famille est très importante. Mon personnage préféré n’est pas Nzinga a Kuvu ou Kaya Magan Cissé, mais bel est bien Léopold des Belges, cet homme si bon pour l’Afrique qu’il y a même laissé son nom. Et puis ceux d’entre nous que vous avez choisis n’ont-ils pas des maisons sur l’avenue Foch à Paris, pourquoi pas moi ?

Enfants de chur et racaille
Le voyou ose tout, et c’est à cela qu’on le reconnaît. Je ne trouve pas beaucoup de différence entre « voyous » et « racaille ». Le ministre français de l’Intérieur devait-il
parler d’enfants de chur? Certains membres de l’opposition ont dit que Nicolas Sarkozy devait présenter sa démission. Les saboteurs ont pris ces déclarations pour un encouragement et un soutien à leur cause, d’où une recrudescence des destructions. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas en s’attaquant aux biens de l’État et des particuliers qu’on fait valoir ses droits.

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Chaos en Guinée-Bissau
Avant tout, mes félicitations pour votre travail. J’aimerais attirer votre attention sur les problèmes de la Guinée-Bissau. À mon avis, ce pays a besoin d’hommes responsables et
compétents afin de sortir du chaos. Je pense que le nouveau gouvernement vient encore une fois de le déstabiliser.

Travail forcé et zoos humains
Je trouve que ce que vous écrivez dans l’article « Survivances coloniales » (« La vie des livres », J.A.I. n° 2337) est aberrant. D’une part, parce que c’est en partie faux, d’autre part parce que cela ne fait qu’attiser la haine entre les peuples.
Que dire des Anglais qui n’ont pas été tendres avec leurs colonies, c’est le moins qu’on puisse dire ? Ils devraient au minimum s’arracher les cheveux et se repentir tous les jours de l’année… Quant aux Américains qui n’ont pas totalement réglé leurs problèmes
avec les Noirs, ils devraient être brûlés vifs comme au Moyen Âge…!
Que la France ait eu des torts, comme d’avoir abandonné les harkis, personne ne peut le nier, mais les formulations « travail forcé », « zoos humains », « esclavage », « l’inconscient colonial français qui maintient les immigrés et leurs enfants dans un statut
de sujets » me laissent pantois. Le fait que les Français aient construit des hôpitaux, des écoles, des routes, des habitations (habitations qui, durant le dernier tremblement de
terre en Algérie, sont restées debout), évidemment cela ne compte pas. Je suis écurée par votre article qui ne construit rien, qui n’apprend rien, mais qui dresse sûrement les gens les uns contre les autres.
Réponse : Cet article ne fait que reprendre des formulations utilisées dans les ouvrages commentés ou lors de déclarations publiques. Cela ne veut pas dire que l’auteur de l’article les prend à son compte. Quoi qu’il en soit, si l’idée d’un « inconscient colonial français » peut se discuter, les termes « travail forcé », « esclavage » et même « zoos humains » renvoient à des réalités historiques incontestables.

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Un Tchadien à Guantánamo
« Vas-y, prends-le et lis ! Quand je te dis que derrière un Noir, un Arabe sommeille un terroriste ! » C’est par cette phrase qu’un ami est venu jeter dans ma chambre le magazine Le Monde 2 du 19 novembre 2005 titré « Une jeunesse à Guantánamo ».
Après avoir pris connaissance de l’histoire de ce jeune Tchadien, je n’ai pu m’empêcher de penser : si, à sa place, c’était un Français, un Anglais ou un autre Occidental, le monde se soulèverait. Mais comme il s’agit d’un Nigger, c’est motus et bouche cousue ! Que
fait l’État tchadien, alors que les autorités saoudiennes qui, à l’instar des autres pays, s’émeuvent de la situation de leurs ressortissants, ont totalement laissé tomber Mohammed ? S’il n’y avait cet avocat anglais, Stafford Smith, qui lutte de toutes ses forces contre le silence et l’oubli sur lesquels comptent les autorités américaines en
installant dans ce coin isolé de l’île de Cuba une zone de non-droit, on n’aurait rien
su de la présence de Mohammed dans cette prison.

Conseil de sécurité : quelle complaisance ?
L’acharnement actuel de « l’Empire» contre la Syrie donne une impression de déjà-vu. Mais on se demande bien quel est l’intérêt de la France à être le coauteur de la résolution
1636 sommant la Syrie de coopérer pleinement à l’enquête de la commission Mehlis. Jacques Chirac aurait-il une dette inavouée envers George Bush ? Quant aux Israéliens, ils
pavoisent. Ils félicitent le Conseil de sécurité pour la fin de sa « complaisance » vis-à-vis de la Syrie. Ils sont mal placés pour parler de cela. Car qui a le plus bénéficié de la complaisance (euphémisme !) du Conseil de sécurité ? Qui accumule les résolutions à son encontre, lesquelles restent délibérément ignorées ? Depuis 1948, il y a eu largement plus d’une centaine de motifs justifiés pour lesquels le Conseil de sécurité aurait dû sommer Israël de coopérer…

A Brazzaville, en 1978
En lisant l’article que Béchir Ben Yahmed écrivait en 1965 (« Scandales », rubrique « Il y a 40 ans », J.A.I. n° 2339), je comprends mieux la passion du professeur Sékou Traoré, éminent mathématicien, ancien de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), victime de Sékou Touré, qui nous a donné l’envie, dès novembre 1978, de lire régulièrement Jeune Afrique à la fac de sciences de Brazzaville. Il en gardait tous les numéros depuis sa création. Je me demande ce qu’est devenue sa collection après les guerres des années 1990.

Rectificatif
Une erreur s’est glissée dans « Le Plus Comores » publié dans notre livraison du 27 novembre (J.A.I. n° 2342). La photo de couverture représente le village de Nioumachoua, qui est situé sur l’île de Mwali (Mohéli), et non sur celle de Grande-Comore (Ngazidja), comme l’indique la légende. Que nos lecteurs, des Comores et d’ailleurs, veuillent bien nous en excuser.

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