Patriotisme

Publié le 4 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Un millier d’entreprises participantes, dont une majorité de PME : le Promote (Salon international de l’entreprise), qui se tient pour sa deuxième édition à Yaoundé du 6 au 12 décembre, constitue désormais un rendez-vous incontournable en Afrique centrale. L’occasion unique, le temps d’une exposition, de humer le parfum d’une « Afrique qui gagne », mais aussi de prendre le pouls d’une région qui n’entend plus être celle des potentialités éternellement virtuelles et des atouts aussi célébrés qu’inexploités.

Poids lourd démographique et économique régional (70 % du PIB), le Cameroun est à cet égard la vitrine des réussites, des espoirs, des hésitations, mais aussi des insuffisances en matière d’investissements, de création d’emplois et plus généralement de développement des pays membres de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). Stabilité (presque) à toute épreuve, volonté politique affichée de franchir les obstacles de la part du président Biya et, par voie de conséquence, de celle du gouvernement d’Ephraïm Inoni, dynamisme créatif des élites économiques, fiabilité et technicité de la main-d’oeuvre, dispositif de lutte anticorruption (et antiblanchiment) étanche – tout au moins sur le papier -, code des investissements enfin adapté aux exigences de la mondialisation… Les fondamentaux, comme l’on dit, sont bons. Reste qu’en cette fin d’année 2005 l’heure n’est pas encore à l’optimisme. Tout entière tendue vers ce Saint Graal qu’est le point d’achèvement de l’initiative PPTE sur laquelle elle butte depuis des années, l’économie camerounaise est en état d’apnée. L’apathie domine, tout le monde ou presque attend la baguette magique du FMI pour réinvestir, le contre-coup de « l’effet pipeline » – ce dopage artificiel du tissu économique auquel avait donné lieu ce gigantesque chantier désormais terminé – se fait durement ressentir, et les tensions sociales ne sont pas rares.

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S’ils ont certainement des raisons de se plaindre – qui n’en a pas ? -, il faudrait pourtant que les patrons camerounais et, plus généralement, tous les investisseurs potentiels d’un pays où les grosses fortunes sont volontiers somptuaires prennent eux aussi leurs responsabilités. Certes, la pression fiscale est forte, le crédit est rare et le secteur informel envahissant, mais à force de tout attendre de l’État et de son chef pour réduire les risques et maximiser les gains, à force de gaspiller leur énergie pour contourner les règles et de se complaire dans une culture paralysante de la récrimination, les riches manquent à leur devoir de patriotisme. L’idéal à atteindre, bien sûr, serait que le Cameroun ne dépende plus des aléas de la conjoncture pour progresser. Il en a les moyens et les talents. Si l’élite financière de ce pays dépensait un peu moins d’argent pour multiplier les résidences et un peu plus pour créer des emplois durables, cela irait sans doute un peu plus vite…

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