Microcrédit : panacée ou poudre aux yeux ?

Publié le 4 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Faut-il croire, comme le prétendent ses défenseurs, que le microcrédit est le remède miracle contre la pauvreté dans les pays en développement ? Selon deux enquêtes, dont l’une menée par la grande ONG Oxfam, les microprêteurs permettent rarement dans les faits aux populations nécessiteuses de subvenir durablement à leurs besoins, en grande partie parce qu’ils ne veillent pas suffisamment à ce que les crédits accordés soient bien utilisés pour créer de petites entreprises.
Plus grave, ces opérations ne touchent pas les plus modestes, qui sont pourtant les principales cibles. Les meilleurs programmes de microcrédit eux-mêmes ne tiennent pas la distance sans une aide additionnelle.
Comme toutes les stratégies de développement, le microcrédit visant à la création de petites entreprises est un pari délicat qui exige que l’on analyse parfaitement les facteurs économiques, culturels et sociaux qui conditionneront la réussite.
Est-ce à dire que cette philanthropie novatrice est condamnée à l’échec ? Certainement pas. S’ils regardent la réalité en face, les microprêteurs peuvent jouer un rôle important dans les efforts de développement. Premièrement, la microfinance conçue comme une seule injection de capital permettant de créer une entreprise qui rapporte un profit au microprêteur, c’est trop beau pour être vrai. Les microprêteurs arrivent rarement à créer de la rentabilité avec les crédits qu’ils avancent. Ceux qui y arrivent ne financent pas les plus pauvres.
En second lieu, comme le montre l’activité de groupes tels qu’Acción International, les programmes qui marchent le mieux investissent en général énormément d’argent dans les services de soutien. Ainsi, pour réduire la pauvreté à long terme, les donateurs devraient prévoir d’apporter un financement durable et généreux pour l’éducation et la formation, le logement, les soins aux enfants et la foule des éléments de l’infrastructure sur laquelle s’appuient dans tous les pays les entrepreneurs qui réussissent.
Enfin, les donateurs doivent prendre la responsabilité de regarder plus loin que la séduisante rhétorique de la mondialisation qu’ont si habilement déployée les microprêteurs. Il n’est pas certain que l’indépendance, l’esprit d’entreprise et la participation au marché assurent ailleurs dans le monde les mêmes avantages qu’en Occident.

* Professeur de droit à la Northeastern University, États-Unis.

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