George W. Bush tiendra-t-il trois ans ?

Publié le 4 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Quand un président américain tombe à moins de 40 % d’opinions favorables dans les sondages, comme George W. Bush à deux reprises au cours des deux derniers mois, il est politiquement en grand danger. Ces précédents laissent présager pour l’actuel président trois années difficiles d’ici à la fin de son second mandat.
Depuis 1950, cinq des huit chefs de l’exécutif qui sont descendus sous la barre des 40 % – Harry Truman, Lyndon Johnson, Gerald Ford, Jimmy Carter et George Herbert Bush – soit n’ont pas été réélus, soit ont décidé de ne pas se représenter. Un sixième, Richard Nixon, déconsidéré par le scandale du Watergate, a démissionné. Seuls Ronald Reagan et Bill Clinton sont parvenus à remonter la pente, l’un de l’Irangate, l’autre du Monicagate, et ont eu droit à un second mandat (voir infographie).
Malmenée par l’envolée du prix de l’essence, les difficultés en Irak et les lenteurs de la réaction face à l’ouragan Katrina, la popularité de Bush est descendue à 39 % dans un sondage USA Today/CNN/Gallup des 13-16 octobre, avant de remonter à 40 %-42 % dans quatre sondages suivants, puis de retomber à 37 % dans le sondage des 11-13 novembre – la cote la plus basse de toute sa présidence. On n’imagine pas, pour l’instant, une démission ou un impeachment, mais il aura du mal à sauver la majorité républicaine au Congrès lors des élections de la mi-mandat, en 2006, à réussir une sortie honorable du bourbier irakien ou à marquer quelques points en politique intérieure. Bref, à se ménager une bonne place dans les livres d’histoire.

Déjà, les parlementaires républicains, qui s’inquiètent pour leur réélection, prennent leurs distances avec le président, comme en témoignent le vote bipartisan au Sénat qui demande à Bush de rendre des comptes sur sa politique irakienne ou les affrontements entre sénateurs et représentants républicains au sujet des coupes budgétaires ou des réductions d’impôts.

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La base du Grand Old Party (GOP) soutient encore Bush à 80 %, mais si elle se décourage, ce sera « la chute libre ». C’est déjà, selon l’expression du politologue Jaime Regalado, un « président blessé ».
Rappel chiffré sur les dangers d’une glissade sous les 40 % :
– Bush père, avec 39 % seulement d’opinions favorables en février 1992 pour cause de ralentissement économique, est battu en novembre.
– Carter, victime de la crise des otages en Iran, n’obtient que 37 % en septembre 1980 et s’incline deux mois plus tard.
– Ford, qui devait faire face à une économie en panne et à une forte inflation, est resté toute l’année 1975 sous les 30 % et a été battu par Carter en 1976.
– Nixon, tombé à 31 % l’été 1973 pour cause de Watergate, démissionne en 1974.
– Johnson, embourbé dans la guerre du Vietnam, ne dépasse pas 36 % d’opinions favorables en mars 1968. Le mois suivant, il renonce à briguer un second mandat.
– Truman, condamné par la guerre de Corée, était à 23 % d’opinions favorables en janvier 1952 lorsqu’il a décidé de ne pas se représenter.
Dwight Eisenhower et John Kennedy sont les deux seuls présidents de ce demi-siècle qui ne sont jamais descendus en dessous de 40 % d’opinions favorables. Le plus mauvais score d’Eisenhower – 49 % – a été enregistré en 1960 lorsqu’un avion espion américain avait été abattu par les Soviétiques. Kennedy recueillait encore 56 % d’opinions favorables en septembre 1963, deux mois avant d’être assassiné.

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