Strophe maudite

Publié le 4 novembre 2007 Lecture : 1 minute.

Lors de l’inauguration, le 31 octobre, du XIIe Salon international du livre d’Alger (Sila), le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé que les auteurs d’un manuel scolaire destiné aux élèves de cinquième année du cycle primaire allaient être poursuivis en justice. Leur faute ? Avoir mutilé un poème du défunt homme de lettres Moufdi Zakaria : Qassaman (« le serment »). Autrement dit, les paroles de l’hymne national de la République algérienne démocratique et populaire. Cette uvre à la gloire de la lutte de libération et du FLN a en effet été amputée de sa troisième strophe, dans laquelle la France est nommément citée comme un ennemi de la nation algérienne. Tollé au sein de la « famille révolutionnaire », qui regroupe toutes les organisations politiques et associations se réclamant du nationalisme ! « C’est une atteinte à la souveraineté nationale », s’est écrié Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine.
Les députés ont saisi l’occasion de la session de l’Assemblée consacrée au débat sur la loi de finances pour soumettre à la question le ministre de l’Éducation, Abou Bakr Ben Bouzid. C’est ainsi qu’ils ont appris que les 450 000 exemplaires de l’ouvrage avaient été retirés de la vente. Et que les inspecteurs chargés de la relecture des livres scolaires avaient été sanctionnés par leur hiérarchie. « L’affaire n’en restera pas là », a averti le ministre. Les premiers éléments de l’enquête diligentée par son département laissent en effet à penser qu’il s’agit d’une omission volontaire. D’où les poursuites judiciaires annoncées par Bouteflika.
Ce n’est pas la première fois que cette strophe suscite la polémique. Au milieu des années 1980, un débat avait passionné l’opinion : fallait-il maintenir cette véhémente mise en cause de l’ex-puissance coloniale, devenue entre-temps un partenaire politique et économique de premier plan ? En 1986, à la veille d’un voyage officiel de Chadli Bendjedid à Paris, les députés avaient voté la suppression des vers controversés. Dix ans plus tard, le président Liamine Zeroual les avait rétablis.

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