Rupture ?

Publié le 4 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Un bref passage en revue des différents indicateurs économiques et sociaux suffit à mesurer le chemin parcouru par la Tunisie depuis le 7 novembre 1987 et l’accession de Zine el-Abidine Ben Ali à la tête de l’État. Un chemin qui, pour ne rien gâcher, prolonge celui entamé au lendemain de l’indépendance, le 20 mars 1956. Une continuité rare sur le continent. Éducation, mobilisation des ressources en eau, maîtrise et planification économiques, amélioration des conditions de vie, émancipation des femmes, infrastructures : ces leviers d’un développement global du pays, toutes catégories sociales confondues, n’ont jamais été remis en cause.

Ces progrès indéniables – ils ne sont d’ailleurs pas contestés, même par les détracteurs les plus virulents du chef de l’État – ne suffisent toutefois pas à garantir la pérennité du « modèle » tunisien. Car le pays est aujourd’hui confronté, comme ses voisins du Maghreb, à de véritables choix de société. Culturellement ancrée à l’Orient, la Tunisie n’a jamais caché son attirance pour l’Occident. Le choc des cultures est aujourd’hui saisissant. Il suffit, pour s’en convaincre, de lancer entre quelques personnes le débat sur le port du voile. Animation garantie Paraboles et Internet induisent également de nouveaux comportements. Les aspirations de la société évoluent elles aussi.

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Parmi celles-ci, le besoin d’ouverture démocratique. Comme tous les citoyens du monde, les Tunisiens veulent – même s’ils ne l’expriment pas encore haut et fort -, participer activement aux choix opérés par les dirigeants. Prendre part au débat national, contester, revendiquer, s’exprimer, exiger des comptes, bref, s’approprier la politique. À l’heure où des défis de taille apparaissent à l’horizon – résorber le chômage, accompagner le vieillissement de la population et ses conséquences, affronter une concurrence internationale chaque jour plus forte -, les Tunisiens ont besoin qu’on les rassure. Ils veulent un projet d’avenir qui ne dépende pas uniquement de la présence ou non d’un zaïm (chef tout-puissant, en arabe) à la tête de leur pays. Que Zine el-Abidine Ben Ali soit a priori là pour quelques années encore ne change rien au problème. Qu’il dirige le pays en guide éclairé non plus. L’avenir d’une nation ne peut dépendre d’un seul homme, aussi providentiel soit-il. Le risque est trop important de voir le pays s’essouffler, le système tourner en rond et ne pas renouveler ses forces vives.
Le refrain sur cette « Tunisie qui fonctionne » est une réalité. Mais est-ce une raison pour ne pas aller plus loin ?

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