« Revenez »

Publié le 4 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

BBY nous quitte. J’ai presque envie de dire : BBY nous laisse tomber. Je ne m’y attendais pas, personnellement. Aucun bruit n’a filtré dans les couloirs de J.A. Il s’est expliqué dans son édito. Sage décision. Le chef a décidé de jeter l’éponge avec grandeur et dignité. Bravo ! Ça nous change des rois de la région qui s’accrochent au korsi, le siège, jusqu’au dernier souffle. Autre belle leçon : il n’a pas légué le pouvoir à l’un de ses fils, comme il est d’usage chez nous, mais à François Soudan.
N’empêche, j’ai beau apprécier la symbolique, je suis triste. Et inquiète. Oh non ! mes craintes ne concernent pas la qualité du journal ni son avenir. Mon inquiétude concerne plutôt la façon dont moi et quelques autres allons gérer notre nostalgie de BBY et cette étrange impression qu’une époque vient de se terminer.
Certes, bien d’autres journalistes apprécieront le relâchement de la pression, le desserrement de la main de fer, la fin des ordres rédigés à l’encre verte. Ce n’est pas mon cas. Traitez-moi de masochiste, si vous voulez, mais j’adorais quand BBY fronçait les sourcils et me disait : « Mais enfin, Fawzia, votre papier est nul ! » Ou bien : « Madame Zouari [quand c’est le nom, le reproche est généralement plus sévère], je vous paie pour ne rien faire, ou quoi ! »
C’est vrai, au début, j’en pleurais presque. Avant de comprendre, des années plus tard, que les réunions de rédaction étaient une scène sur laquelle BBY aimait se fâcher, où il jouait, jubilait, devenait génial ! BBY, maître de cérémonie, commandeur des journalistes, Dieu en personne ! Il n’y avait plus que ce carré-là dans Paris où l’on pouvait commander comme au temps des pharaons ! Il y avait une ambiance particulière, une façon à nous de baisser la tête en croisant le regard du boss, de s’empresser de satisfaire ses requêtes, tout en sachant qu’il en demandait trop !
Je ne vous cache pas que j’ai peur de m’ennuyer désormais. De perdre cette sensation de trac qui précède les réunions. De ne plus entendre BBY titiller nos invités. Il y avait, avec lui, une intensité qui risque de laisser place au train-train du labeur quotidien et sans relief. Alors, j’ai envie de demander à BBY qui n’a pas fait comme les chefs d’État de faire comme les artistes. N’annoncent-ils pas leur départ de la scène plusieurs fois ? « Revenez BBY ! » Et BBY revient.

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