Les mots pour le dire

Publié le 4 septembre 2005 Lecture : 1 minute.

Au Tchad, de même qu’au Cameroun, au Burkina et au Mali, si un homme vous dit « Untel est mon homo », ne vous y trompez pas. Il veut seulement évoquer quelqu’un portant le même nom que lui. Diminutif d’homonyme, « homo », qui s’écrit souvent « omo », prend, par extension, le sens d’ami, et ce sans aucune allusion sexuelle.

Comme s’il s’agissait de nier le phénomène, beaucoup de populations africaines n’ont pas de mot pour désigner l’homosexualité. Ou alors, les formulations sont extrêmement pudiques. Les Bambaras parlent de djégué (poisson). Au Sénégal, les Wolofs utilisent le mot goor-jigeen, qui résulte tout simplement de la juxtaposition de goor (homme) et jigeen (femme). Chez les Malgaches, sarimbavy signifie sobrement « femmelette ».
Ce sont des termes empruntés au français, parfois parmi les plus grossiers, qui reviennent le plus souvent. Ainsi, au Cameroun, n’est-il pas rare d’entendre traiter un(e) homosexuel(le) de « pédale » ou de « brouteuse de gazon ». En Côte d’Ivoire, où le français s’est largement créolisé, on entend le mot « bèh », qui n’est pas sans rappeler le cri d’un certain animal.

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Du côté de l’Afrique du Nord, en revanche, le vocabulaire autochtone est très riche, et souvent fort cru. En marocain dialectal, le mot zamel est d’usage fréquent. En Algérie, le terme le plus courant est nakch. On emploie aussi kerika dans le sens de « femmelette ». Les Tunisiens parlent de miboun. Les homosexuels égyptiens utilisent les mots barghal et kodyana pour décrire leur rôle sexuel, actif ou passif.
Et les lesbiennes ? Au Cameroun, on relève le terme mvoye, emprunté aux milieux sportifs, qui signifie « se sentir bien dans sa peau ». Ailleurs, les homosexuelles semblent absentes des lexiques africains.

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