Quelques millions de centenaires

Publié le 4 juin 2006 Lecture : 3 minutes.

J’ai 35 ans cette année, et j’ai eu récemment le plaisir d’apprendre que j’avais une bonne chance d’être centenaire. Les services spécialisés du gouvernement britannique estiment qu’un trentenaire sur huit vivra jusqu’à 100 ans. Il y aura donc plus d’un million de centenaires au Royaume-Uni vers 2074, et je serai peut-être l’un d’entre eux.
Le fait que beaucoup d’Occidentaux vivent de plus en plus vieux n’est pas une nouveauté. C’est un processus qui dure depuis des décennies, et peut-être des siècles, bien que les principaux gains de longévité aient été acquis ces cent dernières années. En 1900, l’espérance de vie à la naissance était aux États-Unis de 49 ans. À la fin du XXe siècle, elle était passée à 77 ans, grâce aux progrès de la médecine et de l’hygiène, et au recul des maladies.

L’expression « espérance de vie » se réfère essentiellement à la durée de vie moyenne de personnes nées à une certaine date, dans un certain pays. Ainsi, au Swaziland, elle n’est actuellement que de 33 ans pour les hommes et de 36 ans pour les femmes. L’espérance de vie est conditionnée par l’environnement dans lequel on vit. Des facteurs tels qu’une guerre civile, le sida, la grippe, le cancer, etc., ont tous une influence. Mais que se passerait-il si l’on éliminait toutes ces causes de décès et de maladies ? Vivrions-nous tous éternellement ?
Malheureusement, tout donne à penser que non. Il semble y avoir une date limite à laquelle nous mourons, même en l’absence de maladie ou d’accident : c’est la « durée de vie maximale ». Les souris de laboratoire, par exemple, même si on les met dans des conditions de vie optimales, sans être exposées à la maladie, ne vivent, en fait, jamais plus de quatre ans. Des baleines bleues auraient vécu 210 ans, des tortues géantes 175 ans. Pour les chats, la durée de vie maximale est d’environ 30 ans.

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Pour les êtres humains, la durée de vie maximale est estimée à environ 120 ans. Cette estimation est fondée sur le record de longévité détenu par la Française Jeanne Calment : 122 ans et 5 mois. Jeanne Calment, qui est morte en 1997, était un fantastique cas de vieillissement en gardant un maximum de vigueur et d’énergie. Elle a appris à faire de l’escrime à l’âge de 85 ans et montait encore à bicyclette à 100 ans. À mes yeux, sa conception de la vie se résume à ce qu’elle disait : « J’ai pris du plaisir quand je le pouvais. J’ai fait ce que j’avais à faire clairement, moralement et sans regret. J’ai eu beaucoup de chance. » (J’ajouterais ce propos : « Je n’ai qu’une ride, et je m’assois dessus. »).
De toute façon, si l’espérance de vie dépend de l’environnement, la durée de vie maximale dépend de notre limite biologique, et elle est déterminée par un processus de détérioration progressive, le vieillissement.

Les chercheurs se sont fait une idée beaucoup plus précise, mais encore incomplète, de ce qui se passe lorsque nous vieillissons. Les mécanismes du vieillissement sont multiples, depuis les dommages subis par l’ADN porteur de nos gènes aux lésions causées à nos cellules par les radicaux libres, résidus toxiques des opérations énergétiques des mitochondries.
Il est également évident que notre vieillissement est largement fonction de nos gènes. C’est du moins ce qui ressort des recherches faites sur certains animaux. Ainsi, la modification apportée à un seul gène chez certaines espèces de vers et de mouches peut prolonger énormément leur durée de vie. Qu’en serait-il si l’on procédait à la même opération sur des êtres humains ? Pourrions-nous arrêter le vieillissement et prolonger la durée de vie humaine au-delà de 120 ans, et peut-être indéfiniment ?

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