Obasanjo règle ses comptes

Publié le 4 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Deux semaines après le rejet par le Parlement du projet de révision de la Constitution qui lui aurait permis de briguer un troisième mandat en 2007, le président nigérian Olusegun Obasanjo a annoncé le 1er juin le limogeage de six membres de son gouvernement. Il s’agit de Frank Ogbuewu (ministre de la Culture et du Tourisme), d’Adamu Idris Waziri (Commerce), de Saidu Sambawa (Sports), de Magaji Mohammed (Affaires intérieures), du colonel Musa Mohammed (Relations intergouvernementales) et de Bashir Awotorebo (secrétaire d’État aux Ressources hydrauliques). Règlement de comptes ?
Officiellement, tous auraient demandé à être relevés de leurs fonctions pour prendre part à l’élection des gouverneurs de leurs États respectifs, l’année prochaine. L’explication serait plus convaincante si presque tous n’étaient originaires du nord du pays à majorité musulmane. Une région dont les députés ont massivement rejeté le projet d’amendement de la Constitution, puisqu’ils soutiennent la candidature de l’un des leurs à la présidentielle d’avril 2007. Élu à la tête du Nigeria en 1999 et réélu quatre ans plus tard, Obasanjo est pour sa part un chrétien yorouba du sud-ouest du pays.
À l’heure où ces lignes sont écrites, les nouveaux ministres proposés par le chef de l’État n’avaient pas encore été confirmés par le Sénat. Tous sont des proches d’Obasanjo, mais tous – habileté tactique – sont originaires des mêmes États que les ministres écartés. Composée de trente-six États dirigés par des gouverneurs disposant d’une large autonomie, la fédération nigériane est minée depuis sa création par des tensions ethniques et religieuses qui ressurgissent lors de chaque échéance électorale majeure. Les candidats à la prochaine présidentielle ont jusqu’au mois de décembre prochain pour se déclarer officiellement. Six gouverneurs ont déjà sollicité l’investiture du parti au pouvoir, le People’s Democratic Party (PDP). Peter Odili (État de Rivers) et Obong Victor Attah (Akwa Ibom) auraient, dit-on, les faveurs d’Obasanjo. Ils sont natifs de la région pétrolière du Sud-Est, dont aucun ressortissant n’a jamais occupé la magistrature suprême. Depuis l’indépendance, presque tous les présidents ont été des musulmans originaires du Nord.
Quel que soit le choix du PDP, son candidat devra sans doute affronter le vice-président Atiku Abubakar et, peut-être, l’incontournable général Ibrahim B. Babangida, qui dirigea le Nigeria d’une main de fer de 1985 à 1993. Nordistes l’un et l’autre, ils sont farouchement opposés au projet d’amendement constitutionnel.

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